Compromis d'accord accepté par les grévistes de Behr
Samedi 6 novembre 2010
Photo RL
A l’issue de 4 jours de grève, les ouvriers de l’usine Behr à Hambach ont voté la reprise du travail, sans pour autant être satisfaits des dernières propositions de la direction du groupe, arrachées à l’issue de la négociation intervenue entre le PDG et les représentants de l’intersyndicale. La direction de l’entreprise n’avait pas lésiné sur les moyens pour essayer de briser la grève et les ouvriers qui bloquaient les accès de l’usine : refus de négociation des revendications, utilisation d’un hélicoptère pour effectuer les livraisons, utilisation du personnel non grévistes à des tâches peu glorieuses de coolies patronaux, plainte en référé avec constat d’un huissier, commis à l’élaboration des listes, activation du réseau patronal de la zone de Smartville et menaces d’intervention policière en lien avec la sous-préfecture. Mais le choix de ce bras de fer de la part de la direction était un pari risqué. Le climat social global est très conflictuel depuis la mobilisation sur les retraites et dans cette ambiance particulière beaucoup de salariés d’autres entreprises pourraient passer à l’action sur leurs propres revendications, notamment sur les revendications salariales. D’autres sites du groupe Behr ont manifesté leur soutien à la grève de Hambach. En Alsace, une ligne de production a été arrêtée par un débrayage de solidarité et les ouvriers de Behr à Mülhacker en Allemagne menaçaient d’en faire autant dans les prochains jours. La direction France du groupe a préféré provoquer une négociation avec les syndicats dans la journée de vendredi en les conviant dans les salons d’un hôtel de Sarreguemines. Les propositions patronales, 40 € brut d’augmentation de salaire effectif au 1 er janvier (au lieu du 1 er juin habituellement), soit 4 à 5 % de hausse ; une prime de nuit qui passe de 11 à 14 % ; 2,5 % de plus pour les déplacements ; 150 € de prime d’intéressement versés fin novembre (au lieu d’une centaine fin février) n’ont convaincu les grévistes qu’à moitié. A l’assemblée générale qui a suivie la négociation, beaucoup étaient réticents pour entériner un accord trop éloigné des revendications initiales (100 euros et passage de la prime de nuit de 11 à 20%) La prime de 150 euros d’intéressement, considérée comme une compensation pour les jours de grève et qui concerne aussi les non-grévistes, est refusée par l’AG qui demande le paiement des jours de grève. Contactée par les syndicats sur ce point, la direction refuse de modifier sa proposition. Le PDG, magnanime, veut bien accorder le retrait de la plainte en référé en cas de reprise du travail. Cela ne lui coûte rien puisque la plainte n’avait guère de chance d’aboutir. Il promet également la constitution de groupes de travail internes pour aborder la situation des conditions de travail et s’engage à pérenniser l’ensemble des activités de production sur le site de Hambach jusque fin 2011. L’AG reste divisée sur le contenu du compromis mais la majorité des grévistes accepte les arguments des négociateurs syndicaux plutôt satisfaits des résultats obtenus.
Jean-Luc (06.11.2010)
JEUDI 4 NOVEMBRE 2010
Les patrons de l'Europôle assignent les grévistes au tribunal pour entrave à l'ordre social et au droit de propriété.
Les salariés de Behr en grève depuis mardi sont assignés en référé devant le tribunal de Sarreguemines ce jeudi après-midi à la demande express des patrons de Behr, de Hollmann et de la Smart situés sur la zone de l’Europôle. Un huissier a sélectionné une liste de 30 grévistes participant au blocage des accès du site. Ils sont accusés d’empêcher les livraisons de matières premières dans les entreprises, de faire obstacle à l’activité des non-grévistes, d’atteinte au droit de propriété et à l’ordre social. Rien que ça ! La notion d’ordre social du patronat est bien résumée dans les termes de cette assignation et les directions d’entreprises manifestent une solidarité active pour défendre leur sacro saint droit de propriété. Un droit de propriété menacée par la revendication salariale de 100 euros et par la revalorisation des primes de travail de nuit, la haine de classe n’a pas de limite. Mais la détermination des ouvriers en grève n’est pour l’instant pas entamée par l’utilisation de l’arme judiciaire à leur encontre. Les travailleurs se sont installés devant leur entreprise pour ne pas faire l’objet d’une intervention policière suite à « la visite » de la sous-préfète de Sarreguemines mercredi. La seule réponse de la direction fut alors de les inviter à reprendre le travail pour négocier. Les « maîtres » sont inflexibles vis-à-vis de leurs serviteurs rebelles, mais ils peuvent pardonner. Cette philosophie patronale a bien entendu était reléguée au musée des « relations sociales » avant que la direction n’accepte de recevoir une délégation de l’intersyndicale. Cette entrevue n’a rien donnée, la direction affirmant être prêt à négocier certaine revendications mais sans donner plus de précisions chiffrées. La grève continue et face à l’alliance patronale des entreprises de la zone, il est bien nécessaire de lui opposer l’unité de tous les salariés des boites du coin.
Jean-Luc le 04.11.2010
Blocage de l'Europôle (photo RL)
Les travailleurs de production de la société Behr située sur la zone Europôle de Hambach aux portes de Sarreguemines, ont entamé une grève reconductible pour la revalorisation de leur salaire mardi matin 2 novembre. L’entreprise, spécialisée dans la fabrication de systèmes de climatisation et de refroidissement est notamment sous-traitante pour l’automobile. Confrontée comme l’ensemble du secteur industriel aux procédures de rachats-ventes, la société était passée sous le contrôle du groupe allemand Mahle, ce qui avait suscité beaucoup d’inquiétude chez les salariés à cette occasion. Il y avait 1200 salariés dans l’usine en 2000 et il n’en reste plus que 500 aujourd’hui. Une liquidation de l’emploi qui s’est faite en douceur mais non sans douleur. Tout le monde connaît la musique du chantage patronal à l’emploi. On maintient la production sur le site, mais soyez mesurés dans vos revendications. De plus, comme tout le patronat, les groupes allemands apprécient les élus des collectivités territoriales qui facilitent les implantations à coup de subventions. Des élus, qui n’hésitent pas non plus à vanter les vertus de la paix sociale dans l’est-mosellan et la discipline austère de la politique salariale de ce côté-ci de la frontière. Mais les travailleurs ne sont pas pour autant dupes de ces « petits arrangements » qui ne valorisent que le capital. Ils ont décidé de taper du poing sur la table lors des négociations salariales annuelles obligatoires amorcées fin octobre. L’intersyndicale CGT-FO-CFDT a fait valoir le niveau particulièrement bas des salaires pour revendiquer une augmentation de 100 euros mensuels ainsi que l’augmentation de la prime de nuit de 11 à 20%. Les syndicats indiquent qu’une fois les différentes primes retirées du salaire, il ne reste que 990 € par mois aux ouvriers. Mais la Direction reste pour l’instant de marbre et refuse toute discussion. Mardi à 6 heures, les ouvriers sont passés à l’action. Ils ont bloqué l’accès à l’usine ainsi que l’accès à l’ensemble de la zone de l’Europôle en distribuant des tracts. Les salariés des autres usines, notamment ceux de la Smart pouvaient rejoindre leur poste de travail mais non les camions des fournisseurs. Conséquence de la gestion à flux tendu, dès le milieu de la matinée, le manque de livraison commençait déjà à faire sentir ses effets dans certaines unités de production de la zone. Faute de roues et de siège, la Smart était à l’arrêt. Alertée, la sous-préfète de l’arrondissement de Sarreguemines provoquait une réunion avec manifestants et direction, non pour favoriser la négociation salariale, mais pour permettre la levée des piquets, les patrons de l’Europôle se considérant pris en « otage » par le mouvement de colère des ouvriers. Le blocage était partiellement levé en début d’après midi mais les ouvriers restaient décidés à reconduire la grève et à se manifester une nouvelle fois pour populariser leurs revendications et solliciter le soutien des autres travailleurs de la zone.......à suivre.....
Jean-Luc le 03.11.2010