La Mirabelle Rouge

Coup de colère des cheminots de l'équipement

 

 

 

Ils attendaient une cinquantaine de manifestants. C’est plus de cent mécontents qui ont déboulé, hier matin, en séance plénière de la réunion des délégués du personnel de l’Even Lorraine-nord (établissement équipement et entretien).

« La direction a été surprise, commente, avec une pointe de fierté, Christophe Achoub, secrétaire général adjoint CGT. Une manifestation organisée en moins de vingt-quatre heures. C’est dire l’état des hommes. »

Les cheminots connaissent les enjeux de la SNCF, la nécessité de rester compétitif. Mais cette fois, il semble que la nouvelle restructuration annoncée soit celle de trop. Avec les menaces qui pèsent sur le statut, la pilule ne passe plus. « On subit une énième réorganisation, alors que la dernière remonte à quelques mois seulement, dénonce Christophe Achoub. CHSCT, élus du CER, l’avaient pourtant dénoncée. Un cabinet d’expertise et les ergonomes de la direction l’avaient critiquée. Elle a tout de même été mise en place. Et maintenant, il faudrait que nous subissions de nouveau la même chose ! »

En 1995, il y avait 500 agents de l’équipement à Thionville et autant à Metz. En 2008, les deux établissements ont fusionné ne réunissant plus que quelque 500 cheminots. L’établissement Even Lorraine-nord était créé ainsi que celui de Lorraine-sud. En 2011, la réorganisation des unités de production impose la suppression de deux d’entre elles, ainsi que de deux secteurs et deux brigades. « Ces trois dernières années, nous avons encore perdu une centaine d’agents. Et maintenant, ils nous parlent d’une fusion Even nord et Even sud ! Ca n’est plus possible ; les agents ne pourront pas l’absorber. »

Sarreguemines-Bitche à vitesse réduite

À moins de faire appel à du privé et demander aux agents SNCF de transférer leurs compétences, « et ça, c’est la disparition à terme du statut SNCF ».

Le délégué insiste sur la dégradation des conditions de travail. « Une moyenne d’âge de 50 ans, des hommes usés qui voient leur parcours maintenance des rails sans cesse allongé, 100 km en moyenne, des demandes de travail de nuit, de week-end intensifiées. »

La maintenance ? « Aujourd’hui, on ne gère plus que l’urgence. Il n’y a plus de programmation de travaux, seulement des notes de renoncement signalées à RFF. Ce qui donne des dégradations très significatives. »

La ligne Sarreguemines-Bitche, par exemple, mériterait des investissements très importants. « Faute de moyens, la SNCF y ralentit la vitesse de ses trains et parle de fermeture en cas de dégradations plus importantes. »

Celle de Verdun – Conflans – Metz doit ralentir sur dix kilomètres, ce qui entraîne un quart d’heure de retard pour les usagers avec des correspondances ratées.

« Une corrosion importante a été constatée au niveau des rails. Ils remontent aux années 50 ! Les lignes sont largement rentabilisées, mais plus entretenues. » La ligne adaptera ses horaires aux correspondances, « on préfère changer les horaires plutôt que réparer ».

Les agents ont le cœur lourd et souffrent de ce travail « mal fait ». La direction, que nous avons cherché à joindre mais qui n’a pas donné suite, est consciente de ce phénomène puisqu’elle a mis en place une cellule de risques psychosociaux. « Ils ont peur que ça fasse comme à France-Télécom. »

Laurence SCHMITT (Républicain Lorrain du 08.02.2012) 



08/02/2012
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