La Mirabelle Rouge

Encombrantes sympathies de R.

"Petits arrangements" entre Raymond Soubie et la CGT au Conseil économique

 

Le Conseil économique social et environnemental (CESE) est une institution bien singulière. Son nouveau président, Jean-Paul Delevoye, en a fait l'expérience le jour même de son investiture, le 16 novembre. Seul en lice pour la présidence du palais d'Iéna à la suite du retrait du président de la mutualité française, Jean-Pierre Davant, M. Delevoye rappelle dans son discours de présentation que sa candidature a reçu l'assentiment du chef de l'Etat et que ce dernier l'a nommé en tant que personnalité qualifiée, ce qui, a-t-il dit, "est une marque de confiance et de respect, mais non d'allégeance".

 

Puis l'ancien médiateur de la République, qui fut aussi président de l'Association des maires de France (AMF), s'emploie à expliquer aux 233 conseillers de la troisième assemblée française en quoi son parcours l'a, d'une certaine façon, préparé à assumer la présidence du CESE.

Dans cette assemblée à la culture faite, assure son doyen d'âge, "de rigueur, de doigté et de tolérance", le président du groupe de la CGT, Thierry Lepaon, demande alors la parole. Il reprend mot pour mot les critiques qu'il a formulées, quelques jours plus tôt, sur la politisation du Conseil et la tentative de reprise en main de cette institution par le pouvoir. M. Lepaon dénonce en termes vifs les choix opérés par le président de la République, n'excluant pas qu'ils s'apparentent "à l'inscription au tableau d'honneur, aux petits arrangements entre amis, aux remerciements pour service rendu plus qu'au sens de l'intérêt général".

Ce discours au canon, peu fréquent dans l'enceinte feutrée du CESE, ne manque pas de saveur : car la CGT a d'ores et déjà annoncé qu'elle s'abstiendrait lors de l'élection du président. Or cette décision joue contre la candidature de M. Davant, d'abord soutenue puis lâchée par l'Elysée, et sert indirectement celle de M. Delevoye...

EMPATHIE

Quoi qu'il en soit, la virulence de l'attaque cégétiste laisse des traces. Le candidat du syndicat à la vice-présidence, Pierre-Jean Rozet, n'obtient pas le nombre de voix suffisant pour être élu, alors que les candidats du Medef, de la FNSEA et même celui de la CFTC remportent leur vice-présidence sans problème. Le président du groupe des personnalités qualifiées, Raymond Soubie, qui n'a pas encore quitté ses fonctions de conseiller social de Nicolas Sarkozy (ce sera fait mardi 23 novembre), ne juge pas la chose à son goût.

La première organisation syndicale française ne peut pas se trouver exclue des instances dirigeantes du CESE, fait observer en substance M. Soubie, qui a toujours manifesté une certaine empathie à l'égard de la CGT. Le futur retraité de l'Elysée va plus loin : il suggère de créer une sixième vice-présidence et demande à ses nombreux amis ou obligés de soutenir cette fois-ci la candidature de la CGT. Ce qui est fait.

Il reste maintenant à entériner, dans le règlement intérieur, la création de cette sixième vice-présidence encore virtuelle. M. Lepaon est désormais fort mal placé pour continuer à dénoncer l'offensive sarkozyste au CESE. Quant au président Delevoye, le voilà averti : il sait qu'il a fort à faire pour rénover le CESE...

 

Claire Guélaud (Le Monde du 23.11.2010)



23/11/2010
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