La Mirabelle Rouge

Eric Woerth: argent de poche pour parti de poche dans l'Oise

Les faits sont têtus... Eric Woerth  est illégitime !

Dans l'Oise, le parti de poche d'Eric Woerth par Mathide Mathieu (Mediapart 29.06.2010)

  • ·         Au nom de quoi Liliane Bettencourt a-t-elle pu signer un chèque à l'intention d'Eric Woerth, le 4 mars 2010 – si l'on en croit l'enregistrement «pirate» de l'une de ses conversations privées avec Patrice de Maistre, son gestionnaire de fortune. Dans quel cadre légal ?

Ce 4 mars 2010, en effet, il semble que Patrice de Maistre a présenté trois chèques à la milliardaire, pour paraphe: le premier, selon ses dires, à l'intention de «Valérie Pécresse» ; le deuxième au bénéfice d'Eric Woerth; le troisième en faveur de Nicolas Sarkozy.

  • ·         Interrogé, par la suite, sur la nature précise de ces versements, l'homme de confiance de Mme Bettencourt a répondu en variant les versions, puisqu'il a d'abord parlé, pour Eric Woerth, de «10.000 euros pour la construction d'un auditorium» (en récompense d'un coup de pouce supposé du ministre). Puis le 20 juin, son avocat, Me Pascal Wilhelm, a assuré au Journal du dimanche que l'héritière de L'Oréal avait «aidé (...) Eric Woerth à hauteur de 7.500 euros». Sur quelle base légale? Pressé de l'expliquer, le gestionnaire de fortune a lâché une énormité, dans sa dernière interview au Figaro(le 25 juin), en déclarant que la milliardaire avait ainsi financé la «campagne des régionales» d'Eric Woerth...

Le hic, c'est que celui-ci ne s'est jamais présenté aux régionales de 2010: si une vingtaine de ministres ont concouru, il n'en faisait pas partie...

Il faut donc chercher ailleurs, en gardant à l'esprit la petite phrase lâchée par le maire de Chantilly lors de son «Grand jury RTL-Le Figaro-LCI» (le 27 juin dernier). Questionné sur l'existence d'une telle «remise d'argent» de la part de Liliane Bettencourt, il a en effet glissé: «Oui, dans le cadre de ma vie politique»... Sous-entendu: sa vie politique propre, pas celle du trésorier de l'UMP (fonction qu'il occupe depuis sept ans). Qu'est-ce que ça veut dire?

En fouillant, Mediapart est tombé sur un petit parti étonnant, agréé dans la seule région Picardie, où le ministre du travail est maire de Chantilly. Son nom: «Association de soutien à l'action d'EricWoerth». Inconnu sur place (à l'exception sans doute de quelques proches), cette organisation a le statut de parti politique à part entière. Tout à fait légal, il est doté d'une association de financement ad hoc (détachée de toute campagne électorale spécifique) pour collecter des fonds. C'est un parti intégralement dévoué à Eric Woerth, qui n'a touché aucune cotisation en 2008 (donc sans adhérent apparent à l'époque), d'après les derniers bilans comptables rendus publics.

Dès lors, est-ce à l'ordre de cette «Association», très personnelle, que Liliane Bettencourt a signé un chèque en mars 2010 (un don plafonné à 7.500 euros par la loi)? Interrogé par Mediapart, au travers de sa chargée de communication, le ministre n'a pas répondu.

Si cette piste était avérée, il pourrait s'en trouver gêné... Car c'est une chose de récolter de l'argent auprès de Liliane Bettencourt pour le compte de l'UMP; mais c'en est une autre que de bénéficier des fonds de la milliardaire, qui emploie son épouse, pour financer son parti «maison», sa petite machine électorale...

Pour tenter d'y voir clair, Mediapart s'est procuré le rapport sur les comptes 2008 de ce mystérieux parti «woerthien» (agréé en janvier 2008 et basé à Senlis), auprès de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (en usant du droit à l'accès aux documents administratifs).

Le bilan pour l'année 2008 est publié sur le site de Mediapart.

On y découvre que ce parti, qui a la main sur plus de 45.000 euros de liquidités, a touché cette année-là 19.650 euros de «dons de personnes physiques». Liliane Bettencourt, en 2008, en faisait-elle partie? A-t-elle a mis au pot en 2009? En 2010 ?
Dans la colonne «produits», on s'aperçoit aussi que «l'Association de soutien à l'action d'Eric Woerth» a bénéficié, au fil du temps, de quatre versements de la part de l'UMP: 3.000 euros les 30 mai et 24 décembre 2008, 5.250 euros le 9 mai, carrément 55.000 euros en janvier.
En clair, Eric Woerth, trésorier du parti présidentiel, s'arrange pour que l'UMP finance un parti politique local à son service... Le ministre est à l'origine, en même temps qu'à l'arrivée, des subventions, se mettant lui-même sous perfusion. Sacrée confusion des genres... On comprend mieux qu'Eric Woerth ne dise mot sur cette «Association»...
Mais d'ailleurs, à quoi lui sert précisément ce parti de poche? Dans la colonne «dépenses», on trouve d'abord une petite somme (4.000 euros) allouée en 2008 au financement d'une campagne électorale non spécifiée – qui pourrait être celle d'Eric Woerth lui-même, lors de sa candidature aux municipales de Chantilly.

On découvre aussi un loyer de 10.190 euros, peut-être pour "sa" permanence législative de Senlis (plutôt celle qu'il a laissée à son suppléant lors de son entrée au gouvernement), où est domicilié ce petit parti.

Mais on tombe surtout sur 2.870 euros d'honoraires versés à des «agences de communication» (alors que cette «Association» a pris soin de ne jamais faire parler d'elle). Enfin, plus de 15.000 euros ont été consacrés en 2008 aux seuls frais de «réceptions» !
Est-ce là l'activité qu'a financée Liliane Bettencourt?
Il devient, décidément, de plus en plus indispensable que le ministre du travail fasse toute la lumière sur ce «fameux» chèque.

 

 



02/07/2010
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