La Mirabelle Rouge

Handicapé kosovar expulsé: solidarité et surdité du préfet

Handicapé expulsé: le préfet assume

L'état du jeune handicapé renvoyé au Kosovo se dégrade. Hier soir, une délégation, a tenté de convaincre le préfet de revenir sur sa décision.

Bernard Niquet, préfet de Lorraine, recevait hier soir une délégation du collectif constitué pour protester contre l'expulsion d'Ardy Vrenezi, jeune Kosovar polyhandicapé, expulsé de Moselle-Est mardi dernier avec toute sa famille.

Loin de faire machine arrière, le représentant de l'Etat continue de justifier cette décision administrative de reconduite à la frontière malgré la vague d'indignation qui a suivi la médiatisation de cette affaire.

C'est donc la déception qui prédominait, hier, vers 21 h, à la sortie de la préfecture.

«  Le préfet continue de dire qu'il n'y a pas de problème, qu'il a reçu l'assurance qu'Ardy serait bien soigné au Kosovo. Or, les quelques informations dont nous disposons nous disent le contraire », martèle le Dr Isabelle Kieffer, pédiatre d'Ardy en France.

Nouvelles inquiétantes

En effet, les dernières nouvelles du Kosovo sont inquiétantes. Ardy va mal. Il a été de nouveau hospitalisé ce week-end.

Son état de santé se dégraderait vite. De plus, le collectif qui le défend depuis la France a reçu des documents officiels faisant part des faibles moyens sur place pour soigner sa maladie dégénérative.

«  Nous avons une lettre du ministère de la Santé kosovar qui dit noir sur blanc, contrairement à ce que soutient la préfecture de Moselle, que les services qui accueillent Ardy sont primaires, inadaptés pour lui. Il est même dit qu'un seul médicament est disponible, sur les trois que doit impérativement prendre le gamin », assure Alain Cocq, du collectif des démocrates handicapés.

« Pas valable pour lui »

Le document a été montré au préfet hier soir. «  Mais pour lui, ce n'est pas valable, ce n'est pas vrai. Dans le même temps, j'ai beaucoup de mal à obtenir des réponses sur des questions purement médicales », poursuit Isabelle Kieffer.

Fabrice Boucher, conseiller général de Saint-Avold 2, a tout de même vu une ouverture : «  Nos documents ont clairement interpellé à la préfecture. Ils ont constaté qu'ils étaient en totale contradiction avec leurs informations. Ils ont dit que des vérifications allaient être faites ». Isabelle Kieffer a demandé à pouvoir bénéficier d'un contact direct avec des soignants au Kosovo.

Le préfet a promis de faciliter ce contact.

Mais on est loin de l'objectif que s'étaient fixés les membres du collectif avant l'entrevue : à savoir, convaincre le préfet d'ordonner le retour d'Ardy et sa famille.

Pour l'instant, l'Administration fait front et assume.

 

Stéphane MAZZUCOTELLI. (Républicain Lorrain 18.05.2010)

 
 

 Samedi 15 mai 2010

 

Plus de 120 personnes solidaires à Freyming

Hier, une marche silencieuse a été organisée dans les rues de Freyming-Merlebach pour réclamer le retour en France d'Ardy, jeune handicapé expulsé au Kosovo avec sa famille. Lundi, une délégation sera reçue en préfecture.

 

 

A l'avant du cortège, un fauteuil roulant muni d'une coque. Symboliquement vide. Une chaise comme en a besoin pour se déplacer Ardy Vrenezi, ce jeune adolescent polyhandicapé de 15 ans expulsé avec sa famille vers le Kosovo la semaine dernière.

Hier, plus de 120 personnes ont participé à la marche silencieuse organisée par le collectif qui s'est constitué après cette reconduite à la frontière controversée. La manifestation pacifique a débuté devant l'Institut d'éducation motrice Les Jonquilles de Freyming-Merlebach. Là où Ardy a été interpellé, lundi 3 mai à 21 h, par un peloton de forces de l'ordre, devant ses soignants choqués et impuissants.

Une fois tout le monde rassemblé, vers 14 h 15, les participants à cette marche se sont rendus au pas vers le centre ville. Il y avait là d'anciens voisins des Vrenezi à Valmont, des personnels de santé des Jonquilles, des syndicalistes, des membres d'association de défense du handicap ou des clandestins, de simples citoyens «  consternés » par la façon dont on traite les étrangers en situation irrégulière… Très peu d'élus.

Et cela «étonne» Fabrice Boucher, conseiller général de Saint-Avold 2,qui était lui bien là.
Les messages inscrits sur les banderoles et panneaux confectionnés pour l'occasion étaient clairs. Ils dénoncent l'inhumanité de la procédure enclenchée par l'Administration à l'égard de cette famille kosovare et réclament le retour des Vrenezi en France.

« Réparer l'injustice »
La vague d'indignation suscitée par l'expulsion d'Ardy n'a pas cessé de grandir depuis dix jours. C'est sans doute ce qui a incité Bernard Niquet, préfet de Lorraine, à enfin recevoir une délégation. Ce sera lundi soir, à 18 h, en préfecture de Metz. Pascal Wuttke et Suzanne Barbenson, directeur et représentante de l'Association des paralysés de France en Moselle, seront autour de la table tout comme Isabelle Kieffer pédiatre française d'Ardy, Fabrice Boucher ou Nicole Musslé du collectif.
« Nous ne savons pas ce que le préfet nous dira mais nous y allons en confiance. Confiance en l'Etat car nous pensons qu'il n'a pas le choix. Il faut réparer cette injustice en faisant revenir Ardy et sa famille en France pour que ce garçon puisse se soigner. C'est ce que nous réclamerons. C'est l'évidence. Une erreur a été commise sur le plan humain, juridique, médical », estime Isabelle Kieffer.

Et si le préfet campe sur ses positions ? «  On ne lâchera pas. La mobilisation est énorme, on continuera à faire pression », poursuivent les membres du collectif qui rappellent, juste pour l'exemple, que le Comité d'entente a déjà sollicité l'intervention du président de la République pour le cas Ardy. Le Comité d'entente est un organisme qui regroupe 66 associations nationales représentatives des personnes handicapées.

La balle est dans le camp de l'Etat. Ce lundi sera crucial.

Stéphane Mazzucotelli. Républicain Lorrain le 16.05.2010 (photo RL)

 

Le Collectif des démocrates handicapés saisit le préfet
Photo RL.

 Le Collectif des Démocrates Handicapés vient de saisir le préfet de Région pour «  atteinte à l'intégrité du corps de la Nation », dans le cadre du dossier d'expulsion d'Ardy Vrenezi et de sa famille, ressortissants kosovars installés à Valmont .

Alain Cocq, chargé de mission du collectif et délégué régional de Bourgogne, rappelle qu'Ardy est «  une personne réputée en situation de grande faiblesse de part son jeune âge : 15 ans, sa situation de personne polyhandicapée ».

Pour le collectif, l'expulsion en date du 4 mai dernier établit «  une situation de péril imminent au titre de l'article 223-6 du Code pénal » et en vertu d'une jurisprudence de la Chambre criminelle de la Cour de Cassation définie par l'arrêt 87-82-011 du 26 avril 1988.

Selon M. Cocq, l'adolescent «  depuis son retour au Kosovo, n'a vu aucun médecin » et il est selon son entourage «  à nouveau victime de graves crises de convulsions ».

Pour le collectif, Ardy se trouve «  en situation de péril au titre de la Convention internationale des Droits de l'Enfant » et son expulsion et celle de sa famille entraîne une «  violation caractérisée de la Convention aux Droits des personnes handicapées entrée en vigueur en france le 20 mars 2010 ».

M. Cocq souligne : «  Cette expulsion s'étant effectuée contre l'avis médical des médecins en charge d'Ardy, de part l'état de déshérence financière des services de santé à destination des personnes handicapées du Kosovo, elle se révèle être une condamnation à mort à courte échéance. »

Les textes sur lesquels s'appuie le collectif étant rattachés à la Constitution française en son article 55, leur violation entraîne «  une atteinte à l'intégrité du corps de la Nation, mettant en danger de mort une personne de grande faiblesse ».

Pour le collectif «  l'ensemble de la procédure d'expulsion est viciée et donc de fait, nulle et non avenue ».

Le collectif demande au préfet «  d'ordonner et d'organiser, toutes affaires cessantes, le rapatriement d'Ardy Vrenezi et de sa famille, conformément au droit français et aux conventions internationales ratifiées par notre Etat républicain. »

Républicain Lorrain le 14/05/2010

 

 

Le comité de soutien à Ardy Vrenezi a organisé un rassemblement  à Forbach, avec dépôt de pétition en sous-préfecture et organise une marche silencieuse à Freyming le samedi 15 mai.

Le comité de soutien à Ardy et sa famille, ici réuni à Saint-Avold, multiplie les initiatives. Photo Thierry SANCHIS (Républicain Lorrain )

Antoine sert la main à la sous-préfète en faisant attention de ne pas se la faire bouffer.
(photo RL; Philippe Riedinger)

L'histoire se lit différemment selon le côté de la barrière où l'on se situe. Et hier après-midi, chacun l'a racontée à sa manière.
Le comité de soutien à la famille Vrenezi ne change pas de version. Réunis autour du cas de Ardy, jeune polyhandicapé expulsé avec sa famille au Kosovo mardi 4 mai, des voisins, des employés de l'IEM de Freyming-Merlebach, des associations de défense des droits des expulsés, des partis et syndicats de gauche.
Depuis hier, les élus, à gauche, prennent aussi position. Ainsi, Fabrice Boucher, conseiller général du canton de Saint-Avold 1 s'est joint au rassemblement à Forbach.
En mairie de Forbach, le groupe a reçu le soutien de Carmen Harter-Housselle, première adjointe et conseillère régionale, et de Pierre Heintz, adjoint aux affaires sociales.

« Nous avons toutes les garanties »

Forts d'une pétition qui a enregistré près de 400 signatures, plus celles sur divers sites internet, des représentants du comité de soutien ont été reçus par Sylvie Houspic, sous-préfète de Forbach. Elle n'a pas signé personnellement l'ordre d'expulsion, mais suit le dossier de près. Un entretien de près d'une heure, dont les parties sont sorties tout autant divisées.
Tout en trouvant «  bien normale l'émotion créée , car ce genre de document ne se signe pas le stylo en l'air », Sylvie Houspic affirme que l'Etat a pris «  toutes les garanties qui s'imposaient dans le cadre d'une expulsion, en tenant compte aussi du cas de Ardy. Nous nous sommes assuré que le jeune homme, dès son arrivée, aurait un suivi médical. Notre ambassadeur a vérifié lui-même que les choses ont été prises en main. Notez que le Kosovo, Etat souverain, s'agace un peu de cette situation. Ainsi, c'est le numéro 3 du ministère de la santé kosovare en personne qui se charge du dossier. Aujourd'hui, la famille d'Ardy dispose de médicaments. Et si elle veut mettre en place un programme de soins, elle en a la possibilité », affirme la sous-préfète. «  Nous nous en sommes assurés, et réassurés. Il n'y a pas de doute sur la question. »
La représentante de l'Etat campe cependant sur certaines positions : «  Ce sont bien douze et pas trente gendarmes qui sont intervenus. Mais vous savez, c'est l'affrontement entre l'affectif et l'Etat que l'on présente comme un monstre de froideur. »

Une mobilisation maintenue

«  Je suis toujours en colère. La sous-préfète a voulu être rassurante. Mais c'est l'effet inverse », peste Françoise, infirmière à l'IEM. «  On n'expulse pas un enfant comme ça, on ne demande pas son dossier médical après. C'est un non sens tot a l », poursuit-elle.

A ces côtés, une voisine de la famille Vrenezi lève les yeux au ciel : «  J 'ai eu la famille ce matin au téléphone. Le papa n'a toujours pas pu avoir les médicaments. Ardy est toujours à la maison, et fait des convulsions. »

Pour les membres du collectif, pas question donc de relâcher la pression. «  J'espère que samedi, pour la marche silencieuse, nous serons nombreux », soufflent-ils.

Le rendez-vous est fixé à 14 h, devant l'IEM les Jonquilles de Freyming-Merlebach.

Cécile CHAMBRU (Républicain Lorrain 13.05.2010)

photo RL

 

Kosovars expulsés : marche de soutien

La mobilisation s'organise autour du jeune Ardy

La mobilisation s'organise autour du cas de Ardy, cet adolescent lourdement handicapé, expulsé avec toute sa famille lundi dernier de son domicile de Valmont, et renvoyé vers le Kosovo. Un groupe de soutien se constitue en effet peu à peu, composé de voisins, de représentants d'associations de soutien aux clandestins, de partis politique ou syndicats de gauche. Et la liste des signatures sur la pétition s'allonge.

Hier soir, lors d'une réunion à Saint-Avold, ces militants ont mis la dernière touche à l'organisation d'une marche silencieuse, dont le départ sera donné samedi à 14 h, devant l'IEM les Jonquilles de Freyming-Merlebach où était accueilli Ardy, polyhandicapé. Le cortège sillonnera ensuite les rues de la ville..

La résistance se fait aussi sur le net. Déjà, un groupe de soutien s'est créé sur Facebook. Un blog a également vu le jour (http :/blogardy.over-blog.com).

Républicain Lorrain le 11/05/2010

 

 


Photo Républicain Lorrain (08.05.2010)

 

Solidarité avec une famille de Valmont

Lundi 3 mai  une opération de police et de gendarmerie est organisée  à Valmont près de Saint-Avold afin d'expulser une famille kosovare sans papiers.  Cette famille de 5 personnes réside là depuis un an et l'un des adolescent,  agé de 15 ans , est handicapé. Il ne va pas fuir en fauteuil roulant et toute la famille se retrouve au centre de rétention de Metz avant qu'un avion ne les reconduise au Kosovo. Elisabeth Castellotti, directeur de cabinet du préfet, a indiqué à la presse  que l'état de santé de l'enfant était compatible avec son expulsion : «  Il a été vu par un médecin inspecteur de la santé publique qui a confirmé que le Kosovo était à même de soigner ses pathologies. Son retour au pays a même été jugé bénéfique ».  Pourtant, les proches du jeune garçon ne sont pas de cet avis. Si les parents sont venus en France, c'est justement pour que leur enfant puisse obtenir des soins adaptés à son état. Le jeune garçon est polyhandicapé suite à une maladie génétique et depuis son séjour en France, sa situation c'était un peu améliorée.

Mais pour la préfecture de la Moselle aux ordres de Besson, le  ministre de l'indignité nationale, les aspects humains importent peu. Il faut faire du chiffre et expulser sans retenu tous les sans-papiers qui tombent sous la main policière. Sarkozy a beau dire le 8 mai 2010 dans un discours que Vichy a trahi la France,  même si le contexte n'est pas comparable,  il n'en reste pas moins des attitudes bien similaires avec les expulsions de notre époque dans la France qu'il préside.

Cette affaire peu banale a choqué une multitude de riverains et de voisins de la famille expulsée. Des gens ordinaires qui n'admettent pas cette injustice de l'expulsion. Ils ont rédigé une pétition et une mobilisation a pris forme pour le retour de cette famille. Le président de l'Association des paralysés de France a écrit à Sarkozy et un comité de défense vient de se constituer. Cette mobilisation populaire peut aboutir, et cela serait une belle victoire de la solidarité face à l'arrogance et au mépris des puissants.

Jean-luc L'Hôte ( La Mirabelle Rouge ) 08.05.2010

 

Photo RL Les voisins solidaires font signer une pétition sur le marché

 

 

Républicain Lorrain le 09.05.2010

Expulsion de Valmont : le Casam réagit

Suite à l'expulsion de la famille Vrenezi vers le Kosovo, le Collectif d'Accueil des solliciteurs d'asile en Moselle (Casam) souligne qu'il «  connaissait cette famille pour l'avoir aidé dans ses démarches administratives et dans la réalisation de ses dossiers de demande d'asile. Il déplore leur expulsion qui souligne l'inhumanité des pouvoirs publics appliquant une politique de plus en plus dure envers les solliciteurs d'asile. Le Casam tient à rappeler que derrière chaque demande d'asile il y a un drame humain car quitter sa famille, ses amis, son pays constitue toujours un déchirement ». Enfin il considère qu'actuellement «  se dessine une volonté de réduire l'influence des associations de bénévoles engagées dans l'assistance aux demandeurs d'asile et dans le respect de la loi. Celles-ci défendent aussi la Constitution française car le droit d'asile est un droit fondamental inscrit dans la Constitution. »



08/05/2010
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