La Mirabelle Rouge

Homécourt : reprise du travail à la plate forme postale

 Dimanche 6 février 2011

Photo et article du RL

Les revendications des facteurs du centre de tri d’Homécourt ne sont pas restées lettre morte. Ayant été (partiellement) entendus, ils livreront à nouveau le courrier dès demain.

Une carte postale du fils et de sa jolie épouse depuis le lieu de leur voyage de noces, une lettre d’amour d’un prétendant anonyme mais aussi… les recommandés de l’huissier ou les rappels du Trésor public pour des PV impayés… A partir de demain, les habitants du nord du département recevront à nouveau leur courrier, après quatre jours de disette ( lire nos précédentes éditions).

Les facteurs du centre de tri postal d’Homécourt ont en effet voté la reprise du travail, samedi après-midi. Les quelque 70 grévistes, à savoir tout le personnel en CDI de la plate-forme, ont obtenu gain de cause après d’âpres négociations. «  Nous avons 12 semaines de sécabilité (N.D.L.R. : une tournée majorée par des bouts d’une autre) et un jour de repos compensatoire (pour les heures supplémentaires passées sur le terrain en décembre à cause des intempéries neigeuses) », se satisfait Régis Crunchant, secrétaire départemental de la CGT pour la branche activités postales et télécommunications.

«  Même ceux qui étaient malades en décembre auront droit à ce jour récupérateur. Néanmoins, on ne peut pas parler de victoire totale. Au départ, on demandait 8 semaines de sécabilité (alors que la direction en voulait 17) et deux jours de repos compensatoire. Les deux camps qui s’affrontent ne sortent jamais indemnes d’un conflit. »

D’autant que celui-ci a été particulièrement rude, avec un piquet de grève installé tous les jours devant l’entrée du site et surtout, une convocation avant-hier devant le tribunal de grande instance de Briey (mais avec la reprise du travail, les poursuites sont abandonnées).

«  Le mouvement a quand même été bien géré : il n’y a pas eu de dégradations, pas de violences ni de mot plus haut que l’autre », poursuit Régis Crunchant. «  Cela a aussi été une bonne grève puisqu’elle a été soutenue par les élus qui ont fait pression. L’unité syndicale a également contribué à la bonne issue du mouvement. »

Sud, FO, la CGT et la CFDT ont en effet "travaillé" main dans la main. «  Je pense que l’intervention du sous-préfet nous a également bien aidés », confie le syndicaliste.

250 000 lettres et colis en retard

Après le réconfort, l’effort. Car les agents du site homécourtois vont devoir mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. C’est-à-dire trier et écouler le courrier qui s’est accumulé ces quatre derniers jours. Soit environ 250 000 lettres et colis ! Sans oublier bien sûr le traitement des autres paquets qui arriveront dès demain.

«  On a obtenu comme conditions de reprise du travail le recours au système Entraide : pour deux jours minimum, soit demain et mardi, des intérimaires viendront nous aider. Par contre, nous avons une semaine pour rattraper le courrier en retard. Mais chaque facteur aura quand même trois heures supplémentaires payées pour l’effort qu’il va fournir. »

Les ex-manifestants ont également été entendus sur ce point : ce samedi 5 février ne sera pas considéré comme un jour de grève mais comme une journée de négociations. Ils ne seront donc pas pénalisés financièrement. «  En revanche, les trois autres jours de grève (mercredi, jeudi et vendredi) ne seront pas payés. Mais la direction a promis de les étaler sur trois mois. Un jour en février, un autre en mars et le dernier en avril. »

Histoire de limiter l’impact sur la fiche de paie. «  Un postier ne gagne qu’entre 1 200 et 1 300 € par mois. Entre 1 000 et 1 200 € pour un agent en début de carrière. »

Et le représentant CGT de maugréer : «  Vous vous rendez compte, cela aurait coûté moins cher à la direction de La Poste de négocier tout de suite que d’envoyer un huissier et de nous attaquer en justice. C’est de l’argent bêtement gaspillé qui aurait pu être donné à nos personnels… »

G. I. (Républicain Lorrain le 06/02/2011

 

Vendredi 4 février 2011

photo RL

  

Les postiers de la plate-forme de Homécourt ne relâchent pas la pression. Ils bloquent toujours le site, tandis que la direction impose la levée du blocus comme préalable aux négociations. Encore une journée sans courrier.

Voilà une rencontre qui n’est pas passée comme une lettre à la poste. Au contraire. Hier à 11h, directeur de la plate-forme de tri postal à Homécourt et syndicalistes ont échangé avec, à un moment donné, de nombreux élus du secteur comme témoins. Ceci dans la perspective de trouver un compromis et mettre fin au mouvement de grève ( lire RL d’hier).

Mais selon les syndicats, les avancées proposées sont loin d’être à la hauteur de leurs attentes. Exemple : le passage de 15 à 20 journées "intempéries" en décembre. En fait, les facteurs veulent surtout une compensation identique quel que soit leur moyen de locomotion. Ensuite, il y a le nombre des fameuses semaines de "sécabilité" revu à la baisse. La direction en propose 14. Contre 12 pour les quatre organisations syndicales FO, CGT, CFDT et Sud. «  Au départ, on voulait 8 semaines durant lesquelles on accepterait de prendre des bouts de tournée en plus. On a proposé de monter à 12. La direction ? De 17, elle est descendue à 15, mercredi. Puis 14 (hier) », détaille Alain Bonanséa du syndicat Sud. Au fil des heures, les deux positions tendent tout de même à se rapprocher…

Face aux postiers, André Corzani, vice-président du conseil général, a indiqué qu’il s’impliquerait dans leur combat. Son téléphone portable a chauffé, et il a donné de la voix devant des agents regroupés autour d’un bûcher : «  Votre action, c’est aussi la nôtre ! » Une solidarité exprimée également par la transmission d’un message du député Jean-Yves Le Déaut.

Blocage également à Jarny

Le directeur du site Benoît Dumont a souhaité sortir en voiture du bâtiment avec, semble-t-il, une caisse de plis. Il s’est heurté à la fermeté des grévistes qui l’ont renvoyé à son bureau. Pour la direction, la levée du blocus constitue toujours un préalable à toute négociation. Argument rejeté par les syndicats : «  C’est notre seul moyen de pression », arguent-ils de façon unanime . La direction a dit qu’il fallait qu’on prenne conscience de ce qu’on fait… Elle nous met la pression mais nous sommes déterminés. »

A tel point que les postiers s’organisent pour ne rien laisser au hasard. A 14h, une partie d’entre eux s’est rendue à Jarny afin d’intercepter une éventuelle arrivée de camions gorgés de courrier. D’autres élus, à l’image d’Olivier Tritz, premier adjoint de la commune, les ont rejoints.

Les grévistes expliquaient, hier, prendre leurs dispositions pour être présents tôt ce matin afin de bloquer l’entrée d’un éventuel camion, tant à Homécourt qu’à Jarny.

Mercredi soir à Homécourt, vers 20h, les agents avaient levé le camp pour revenir au petit matin. «  Sauf qu’on suspecte qu’un chargement de La Poste soit entré à l’intérieur de la plate-forme, révèle Alain Bonanséa. De toute façon, il ne pourra être distribué tant qu’on sera là. »

Olivier Chaty (Républicain Lorrain le 04.02.2011)

 

 

 

Jeudi 3 février 2011

 

Pas de courrier dans les boîtes aux lettres hier, et peut-être encore ce matin. Un vaste mouvement de grève paralyse la plate-forme de tri de Homécourt depuis mercredi, 5h30. En cause, une charge de travail jugée « trop lourde ».

Des dizaines de voitures agglutinées autour du rond-point. Des postiers les bras chargés de bois mort pour alimenter un feu à l’entrée de la plate-forme de tri postal de Homécourt… Hier matin, aucun courrier n’a été distribué sur un secteur allant de Sainte-Marie-aux-Chênes à Piennes en passant par Briey.

5h30

Les premiers postiers arrivent à la plate-forme de tri, mais pour eux, pas question de prendre leur poste. «  Un préavis de grève a été déposé il y a cinq jours, et une pétition a circulé. On réagit par rapport à nos conditions de travail », avance Alain Bonanséa, du syndicat Sud. Résultat : quasiment tous les postiers sont restés à l’extérieur.

6h

Trois camions gorgés de lettres et autres colis arrivent depuis Metz. Les grévistes leur refusent l’accès. Retour à l’envoyeur.

8h

Devant la plate-forme de tri, les postiers sont rejoints par leurs collègues de Jarny. «  Quatre organisations syndicales nous soutiennent : FO, Sud, CGT et CFDT », explique une factrice visiblement remontée contre la direction de La Poste. Les revendications portent sur plusieurs points. D’abord, les indemnisations liées aux intempéries. «  Au maximum, les gens récupèrent sept heures s’ils ont bossé du 13 au 31 décembre. Alors qu’on a beaucoup donné… », plaide Roselyne Wlodarczyk. Ensuite, il y a la fameuse "sécabilité".

«  Chaque facteur se retrouve 17 semaines dans l’année avec un bout d’un autre tournée en plus. Il y a moins de postes et le trafic reste le même contrairement à ce que la direction avance. On veut le comblement des postes vacants car la charge de travail est trop lourde ! »

8h45

Les représentants syndicaux retournent à l’intérieur du bâtiment pour solliciter un nouvel entretien avec le directeur de l’établissement Benoît Dumont. L’entrevue dure une dizaine de minutes, mais le blocage persiste.

«  La direction a un préalable : qu’on laisse entrer les camions, mais nous, on refuse. De toute façon, hormis les quelques CDD, il n’y a personne pour s’occuper du courrier », évoque Alain Bonanséa. Benoît Dumont, lui, ne cède pas d’un pouce.

11h15

Le maire de Homécourt, Jean-Pierre Minella, se rend sur place. «  On a obtenu une nouvelle entrevue avec le directeur », ponctue Alain Bonanséa, satisfait. Les syndicalistes ont ainsi pu faire fi du préalable à toute négociation : la levée du blocus à l’entrée de la plate-forme. Mais les deux parties n’ont pu trouver d’accord. Ça achoppe essentiellement au niveau du nombre de semaines de "sécabilité".

12h

Les postiers grévistes votent la reconduction de leur mouvement. Rendez-vous est donné ce jeudi, 5h30, pour à nouveau bloquer l’arrivage du courrier. Les postiers ne désarment pas et ne plient pas bagages. Une toile de tente devrait faire son apparition sur le site. Histoire de se prémunir davantage du froid. «  Cette fois, on ne cédera pas, les gens sont au taquet. »

Olivier Chaty Républicain Lorrain le 03.02.2011

 



03/02/2011
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