La Mirabelle Rouge

La retraite des cheminots est aussi dans le viseur patronal

 

Les régimes spéciaux des retraites dont celui de la SNCF seront bien touchés par la contre réforme du gouvernement.

C'est ce que confirme Guillaume Pepy dans son interview  accordé au magazine patronal Challenges le 2 juin 2010…extraits…

 

Le gouvernement s'attaque au problème des retraites en France, mais a prévenu que les régimes spéciaux ne seraient pas touchés pour le moment. Tout va changer sauf à la SNCF?

- Non. La réforme concerne l'ensemble des Français, donc aussi les cheminots. Ce que dit le document d'orientation, c'est que le calendrier tiendra compte de la réforme des régimes spéciaux qui a eu lieu pour les cheminots, les traminots, les électriciens, les gaziers en 2007, et que nous mettons en place maintenant. Cette réforme rapportera 300 millions d'euros à la collectivité à partir de 2015 pour un coût limité à 20% de ce montant.

 

Il y a quelques jours encore, le gouvernement affirmait que les régimes spéciaux n'étaient pas concernés par la nouvelle contre réforme des retraites en préparation. Au sein de la SNCF, la DPM, Direction de la Propagande Mensongère, s'empressait également de relayer la fausse nouvelle dans le but de diviser un peu plus le monde du travail.  A la veille de la journée d'action intersyndicale du 27 mai, les médias et la presse régionale quotidienne, à de rares exceptions près, reprenaient l'antienne à l'unisson, sans s'interroger sur la validité des déclarations. Les  organisations syndicales et politiques qui défendent les intérêts du mouvement ouvrier avaient tenté, pour certaines d'entres elles, de dénoncer la supercherie. Dans un article de La Mirabelle Rouge, «  Woerth et Direction SNCF mentent effrontément » publié sur le site,  je me suis efforcé de montrer en quoi les déclarations officielles étaient mensongères. Il ne s'agissait que d'une question de calendrier. En réalité, personne n'avait affirmé clairement :  «  les régimes spéciaux ne sont pas concernés ». Mais tout l'art de la propagande patronale et gouvernementale  est de  laisser croire les choses fausses pour tromper ceux à qui elle s'adresse. Et puis, quoi de plus efficace pour atteindre l'objectif fixé que d'entretenir la confusion dans les esprits comme le souligne très justement  Le Hérisson du Rail ( http://aubin.blogs.nouvelobs.com" ) dont je publie cet extrait à ce propos.

"Guillaume Pepy confirme ainsi de manière plus affirmative le contenu d'un « Temps Réel » adressé à l'ensemble des cheminots. Une lecture superficielle de ce document aurait pu laisser croire que la SNCF ne serait pas touchée par la réforme. C'est d'ailleurs ce qu'avaient conclu un peu vite de nombreux observateurs dont les écrits qui ont jeté le doute. Les cheminots ont ainsi subi une double peine : celle d'entrevoir une nouvelle amputation de leur régime spécial et un nouveau déferlement de haine à leur égard.

 

Jean-Luc L'HÔTE (La Mirabelle Rouge 06.06.2010)

 

 

....suite de l'interview de Pepy au magazine Challenges....

La dernière grève date d'avril et s'est soldée, après quinze jours de conflit, par une victoire de la direction. Etes-vous satisfait ?

- Une grève de quinze jours n'est une victoire pour personne. J'ai affiché une stratégie claire, qui a pour but de réduire ce que Louis Gallois appelait la "gréviculture", stratégie qui peut se résumer par: la négociation rapporte systématiquement plus que la grève. Lorsque l'on a un accord avec des syndicats, il ne peut être remis en question par d'autres syndicats lors d'un conflit. C'est simple, et nous allons continuer comme ça.

Quinze jours de conflit en pleine crise du volcan, alors que les avions arrivaient à Toulouse et à Marseille et que les passagers avaient du mal à rentrer à Paris, et la direction n'a pas cédé. Est-ce un tournant dans l'histoire de la SNCF ?

- Les cheminots sont des salariés très matures, ils vivent la crise, la société comme elle est, et ils peuvent se déterminer seuls. Il manque désormais à la SNCF une forme d'intéressement: comment les progrès que l'on fait dans la façon de mener le dialogue social et la réduction du nombre de grèves vont bénéficier aux salariés. Nous y réfléchissons.

Le trafic TGV a très peu augmenté l'an dernier. Est-ce qu'il repart en 2010 ou le marché a-t-il atteint la maturité ?

- Le marché n'est pas mature, puisque beaucoup de lignes à grande vitesse vont ouvrir en France et en Europe. Mais le TGV est victime de la crise et des difficultés de pouvoir d'achat. En 2010, le trafic ne baisse pas, mais, au lieu des 3 à 4% que nous avons connus, il reste modestement entre 0 et 1%. C'est pour cela que nous lançons de grandes innovations sur le service. C'est ce qu'on nous reproche souvent à la SNCF : d'être forts industriellement mais avec un service pas tout à fait à la hauteur. Nous y travaillons donc.

Quelles sont les nouveautés 2010 ?

- Le site Voyages-SNCF.com, à la fois très fréquenté, aimé et critiqué, a été entièrement refondu. Sa nouvelle version, lancée le 1er juin, est beaucoup plus simple et conviviale. Et puis, nous avions lancé l'an dernier une expérimentation, les TGV Family, avec des animations pour les enfants. Cela a été un gros succès, et nous les généralisons cet été.

Et le fret ?

- 2009 fut une année noire pour tout le monde: - 30% en Europe. Cette année, cela repart, surtout en Asie. En Europe, il y a encore de bons mois, de mauvais mois. En France, le trafic routier a repris, mais ce n'est pas flagrant dans le ferroviaire. Nous amorçons une gigantesque révolution industrielle: nous passons du transport de détail au transport massifié, grâce à des autoroutes ferroviaires -les camions sur des rails. Nous avons doublé les fréquences entre le Luxembourg et Perpignan tous les trois mois! Et nous sommes en lice pour l'attribution d'une autoroute ferroviaire dans le Sud-Ouest, pour qu'il y ait moins de camions sur l'A 10 et plus sur nos trains.

 

Propos recueillis par Gilles Fontaine et Anna Rousseau.

 

 "La négociation rapporte plus que la grève"  déclare Pepy...Oui, c'est bien vrai pour lui ! Car comme il n'y a rien d'autres à négocier que le recul des acquis sociaux c'est sûr qu'il joue gagnant avec cette stratégie. Raison de plus pour les cheminots de s'organiser collectivement dans l'unité pour créer le rapport de force dans les luttes et faire plier les prétentions du chef de bande du patronat ferroviaire.Comme en 1986/1987et comme en 1995....

Jean-Luc



07/06/2010
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