La Mirabelle Rouge

Les managers 5 étoiles ne savent pas faire circuler les trains

 Retour de Lourdes rocambolesque: Lourdes-Metz en 16 heures Metz-Sablon en 2 heures

 

Le retour du pèlerinage diocésain à Lourdes s’est avéré abracadabrant pour les 698 voyageurs du Train blanc. Ils ont mis seize heures pour rallier la gare de Metz. Et deux de plus pour rejoindre le quai militaire du Sablon !

Les visages sont fatigués, émaciés mais, une fois les pieds sur la terre ferme du quai militaire du Sablon, les sourires s’élargissent au contact des familles. Dans le Train blanc, ce train spécial de la SNCF réservé aux pèlerinages diocésains, 698 personnes, dont 198 malades parfois alités, viennent de parcourir la France en dix-huit heures pour relier Lourdes à Metz. Pathétique voire cocasse.

Mardi soir, au départ de la gare de Lourdes, le voyage semblait déjà mal emmanché. « Nous devions partir à 22 h 33, relate le chanoine Denis Velfert, directeur du service des pèlerinages diocésains. Tout le monde était dans le train, certains dormaient déjà quand on a découvert qu’une voiture n’avait pas d’électricité. » Donc pas de lumière, pas de climatisation ni d’eau. Pire, les portes ne fermant plus électriquement, on propose aux pèlerins de les enfermer manuellement. « Nous avons refusé de partir avec des gens bloqués dans le train », poursuit l’abbé. Après une heure de « tractations avec la SNCF », une voiture supplémentaire est rattachée au Train blanc, avec essais de conformité et tutti quanti pendant que les 60 personnes du wagon patientent sur le quai.

Coup de sifflet du départ à 23 h 54, avec 81 minutes de retard rattrapées dans la nuit lors d’un périple via Albi, la Vallée du Rhône, puis Strasbourg avant la ligne – normalement – droite pour rejoindre Metz.

« Moscou dans les années 50 »

Mais arrivés à la gare centrale de Metz, « ça a été le comble, lâche, excédée, Marie-Hélène, une Messine fidèle au pèlerinage depuis vingt-quatre ans. Je n’ai jamais vu ça, on a tourné autour de la ville et on a vu Pompidou de près. » Étape culturelle non-incluse…

Explications : pour débarquer sur le quai du Sablon, le train fait escale en gare de Metz pour une ultime manœuvre afin de rouler dans le bon sens de circulation vers le Sablon. Une heure d’attente. « Le train était à l’envers et notre accompagnateur de la SNCF avait prévenu, dès le matin, qu’il fallait un conducteur habilité à faire cette manœuvre avec un train plein de voyageurs. Il semble que tous les conducteurs ne sont pas autorisés à l’effectuer, précise Denis Velfert. Du coup, « On s’est baladés autour de Metz avec le chef de gare, au micro dans le train, pour donner des explications. Bref, on est à Moscou dans les années 50 ».

À trois voies du quai

Toujours est-il que le train s’est bien arrêté, en marche arrière, le long du quai du Sablon, à 17 h 34, soit deux heures après l’heure prévue. Mais entre-temps, il est passé, à petit régime, sans s’arrêter, devant les familles, mais à trois voies du quai. L’occasion pour les voyageurs de lancer des petits coucous depuis les vitres du Train blanc. À l’arrivée, les pèlerins n’ont pas manqué d’humour. « À pied, on aurait été plus rapide ! », lance un pèlerin. « Vive la SNCF, renchérit une bénévole. Même en grève, ils sont plus efficaces! »

Du côté de la SNCF, on reconnaît quelques couacs. « C’est vrai que ce train n’avait pas besoin de ça », concède un responsable de la communication, confirmant par ailleurs les imprévus techniques. Pour l’abbé Velfert, le plus important, c’est « qu’on ne s’est pas bouffé le nez ! » Foi de pèlerins.

Cécile PERROT. RL, article et photo le 4.08.2011



04/08/2011
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