La Mirabelle Rouge

Les places dans les sondages ne sont pas celles des luttes

Besancenot ne veut pas tirer la couverture à lui. Paru dans leJDD

Le NPA de Besancenot est en mauvaise place dans les sondages, à moins d'un mois des régionales.

NPA: Tant que la grève va...

Besancenot se console des sondages des régionales en célébrant le mouvement social.

 

Les sondages sont mauvais, les milieux militants s’écharpent sur la présence d’une candidate voilée sur une liste du NPA mais Olivier Besancenot a le moral : le fond de l’air rougit. Son copain "Manu" dirige la grève chez Philips à Dreux, les raffineries Total sont bloquées par les salariés, des enseignants descendent dans la rue. Comme le dit Besancenot, ou comme il l’espère, "la question sociale se réinvite dans la campagne".

Quand la grève va, tout va? Au printemps dernier, les séquestrations de patrons, les conflits chez Continental ou Molex et les journées d’action syndicales massives avaient dopé Besancenot. Avant, finalement, de le tromper. En juin, le score du NPA aux européennes fut décevant: 4,8%. Il va aux régionales en bon soldat, mais à ses conditions. "Je ne voulais pas être tête de liste en Ile-de-France et faire des meetings dans tout le pays: je ne suis pas Superman, confie-t-il. Je ne me suis jamais vécu comme le chef du NPA, ce n’est pas le parti d’un seul. Alors j’ai pris le temps de faire avancer mes revendications à moi. Jouer sur la personnalisation pourrait me peser."

Le facteur mène campagne en Ile-de-France

Il a obtenu que Pierre-François Grond, le n° 2 du NPA, soit porte-parole national et sillonne la France à sa place. Le facteur, lui, mène campagne en Ile-de-France. "A l’ancienne", dit-il en souriant. Après l’entretien, Olivier Besancenot a rendez-vous avec un copain pour confectionner une banderole. "Un drap, des bombes de peinture de chez Toto à Barbès", rigole l’ancien tagueur, et la journée de campagne pourra commencer: "On va devant la gare, on installe une banderole où l’on a écrit 'Gratuité pour les transports', on sort un mégaphone, on distribue des faux tickets de métro et ça discute beaucoup…" Les transports relèvent des compétences de la région, mais les sujets de discussion sont plus vastes: logement, emploi, retraites.

Et Besancenot déroule son argumentaire sur ces entreprises qui licencient alors qu’elles ont reçu des fonds publics. "Je raconte qu’en Champagne-Ardenne, des salariés d’un sous-traitant de l’automobile et des contribuables portent plainte pour détournement de fonds publics. Ils avaient touché des subventions et ils licencient. Je fais ma vanne: imaginons qu’on soit dans un pays où 20 régions sur 22 soient dirigées par la gauche, eh bien, elles porteraient plainte, elles aussi!" Un petit tacle pour justifier son refus de gérer avec les socialistes.

"Il faut défendre la retraite à 60 ans"

Et une manière de faire entendre sa différence, comme sur les retraites. Jeudi soir, Olivier Besancenot a participé à une réunion unitaire que son parti avait convoquée. Les partis de gauche étaient tous représentés, à l’exception du PS… et de LO. "Il faut défendre la retraite à 60 ans, revendique le leader du NPA. Si on perd sur ça, bonjour pour sauvegarder le reste!" Il participera à la journée syndicale du 23 mars et se veut optimiste.

"Les dissensions à droite, ça redonne le moral. Villepin-Sarkozy, ça rappelle le CPE. On avait gagné, pourquoi ne pas recommencer sur les retraites?" Un mixte de conviction réelle et de méthode Coué. Le climat social plaît à Besancenot, mais le climat général, moins. "Il y a deux semaines, le même jour, une mosquée et un cimetière juif ont été tagués de croix gammées, et il ne s’est rien passé. Il y a vingt ans, au moment de la profanation du cimetière juif de Carpentras, on était 100.000 à descendre dans la rue. Il manque une grande vague antiraciste pour dire 'il faut que ça s’arrête'." Le fond de l’air rougit, mais il reste moisi.



21/02/2010
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