La Mirabelle Rouge

Nicolas Hulot : l’écologie des représentants de commerce

Après avoir maintenu le suspense en 2007 où il avait fini par faire signer son «  pacte  » à tous les candidats à la présidentielle qui le voulaient (dont Sarkozy), cette fois-ci Nicolas Hulot a annoncé sa candidature potentielle, estimant sans doute que le moment était venu de «  capitaliser  » sur la prise de conscience écologique généralisée. Hulot, brûleur de carburant sans frontières sponsorisé par Rhône Poulenc et TF1, n’a pas exactement le profil de la sobriété écologique et du projet politique alternatif. Il a bien assuré se situer en opposition à la majorité actuelle (mais qui ose encore s’en réclamer  ?), il a également cru nécessaire de préciser que son programme serait incompatible avec celui du FN, Le Pen le jugeant quant à elle, tout à fait compatible. Et s’il a prononcé un laïus pseudo-social, il a «  oublié  » la question du nucléaire  ! Il est évident que le personnage, qui a certes pu amener quelques téléspectateurs à se sensibiliser à l’environnement, est avant tout un représentant de cette écologie du bon sentiment, qui joue de la fibre émotionnelle pour mieux culpabiliser tout un chacun devant les merveilles de la nature menacée, en omettant les inégalités et sans dénoncer la responsabilité des multinationales, des gouvernements des pays les plus riches, en bref du fonctionnement du capitalisme en quête perpétuelle de profits.

Les réactions dans la sphère de l’écologie large sont mitigées. Pour caricaturer, on pourrait dire que les électeurs d’EÉ-LV auront le choix entre une candidate dite de gauche (Éva Joly) mais qui n’est pas identifiée comme écologiste et un candidat dit écologiste mais qui n’est pas de gauche. Car Hulot semble bien se situer «  au centre  », c’est-à-dire à droite. Sa position fait écho à celle de Cohn-Bendit et à bien d’autres qui, au sein d’EÉ-LV, estiment que l’écologie ne doit pas être partisane et qui croient pouvoir confondre la notoriété usurpée de Hulot comme écologiste avec la possibilité de construire une alternative politique écologiste.

Cette tendance semble faire d’EÉ-LV une machine électorale dont tout positionnement est dicté par les échéances et la recherche d’une notoriété policée, comme dans la mobilisation antinucléaire actuelle où nous peinons à créer une mobilisation et un rapport de forces pour imposer sa sortie dès maintenant.

Les militants écologistes sincères, clairement situés à gauche et qui ne se reconnaissent pas dans cette imposture tant sociale qu’écologiste, risquent d’avoir du mal à avaler la pilule. Comme il l’a montré dans ses émissions à audimat et source de profits, Hulot fait confiance aux entreprises du CAC 40 pour résoudre les problèmes de la planète et n’a pas pour projet le partage des richesses  !

L’exploitation médiatique de l’écologie, la soumission de ses idéaux à des accords avec le PS et au centre et pour finir la défense d’une écologie d’adaptation au capitalisme soulignent la nécessité d’une organisation et d’une candidature alliant clairement l’écologie, la sortie du nucléaire et l’anticapitalisme, dans une perspective écosocialiste.

 

Laurence Lyonnais le 21.04.2011




22/04/2011
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