Un sourire de lutte face à l'humiliation patronale....
Xavier Mathieu, le visage et la voix des Conti Clairoix, était hier à Sarreguemines pour un entretien d’embauche chez… Conti.(article et photo du RL)
La Mirabelle Rouge souhaite la bienvenue en Lorraine à Xavier, même si elle ne se fait aucune illusion sur la volonté patronale et gouvernementale de répondre positivement à ce "reclassement"......
Xavier Mathieu fut le leader charismatique de la révolte des Conti de Clairoix. Une usine sacrifiée sur l’autel de la rentabilité, tout comme ses 1 120 salariés. « Ça a été traumatisant, mais ça reste une histoire de fraternité. »
Hier, le cégétiste était à Sarreguemines pour un entretien d’embauche dans le cadre du reclassement auquel est tenue l’entreprise. Une visite abordée avec « un bon état d’esprit ». Et un espoir. « Bien sûr que j’ai envie de travailler ici. C’est un boulot que je connais bien, et j’aime aussi la région. » Pas de contrainte familiale. « Ma copine est institutrice et mes enfants sont grands. » Reste à savoir si Sarreguemines a envie de lui. L’entretien, d’une durée de cinq heures, lui laisse un goût amer.
Cinq heures de tests
« On m’a traité comme quelqu’un d’extérieur, comme un débutant, alors que j’ai donné 25 ans de ma vie à cette boîte. Je connais le métier et ici, ce sont les mêmes machines sur lesquelles je travaillais à Clairoix. » Cinq heures de tests divers, de questionnement, de rencontres, « logiques », avec la responsable des ressources humaines, celui de l’atelier. Au final, « c’est un peu humiliant, mais j’en ai vu d’autres. » Mais il pense « aux copains ». Deux d’entre eux devaient passer également un entretien hier, mais y ont renoncé. « Le voyage est entièrement à nos frais. C’est une histoire à 250 €… » Pour Xavier Mathieu, il aurait été intéressant que Conti propose également une embauche pour le conjoint. « Ça aurait décidé plus de gens. » Sa présence à Sarreguemines est également « la preuve du mensonge d’Éric Woerth ». Le ministre du Travail avait validé son licenciement sous prétexte qu’il aurait refusé son reclassement à Sarreguemines. « Il a par contre refusé de valider les licenciements de six autres salariés protégés, sans voir que l’un d’entre eux avait vraiment refusé de venir à Sarreguemines. » Xavier ne mâche pas ses mots. « C’est une vengeance personnelle. Il ne faut pas oublier qu’Éric Woerth est maire de Chantilly. » Commune de l’Oise située à une cinquantaine de kilomètres de Clairoix. « Il se souvient encore de notre manif chez lui… », dit-il en souriant. Xavier a fait appel de la décision du ministre. Son embauche à Sarreguemines serait sans doute un geste fort. D’autant plus fort, que l’homme n’a pas l’intention d’arrêter ses activités syndicales.
Pour l’heure, Xavier Mathieu est « prêté » par Conti… à une troupe de théâtre, la compagnie Joli Môme. D’ici moins d’un mois, il devrait être fixé sur son éventuel avenir lorrain.
Michel LEVILLAIN.
Publié le 05/11/2010