La Mirabelle Rouge

15 août à Metz: Raffin fait du raffut......

Si la pluie et le mauvais temps  d'août vont   vraisemblablement contrarier la qualité et la quantité du raffin  de mirabelle lors de la distillation  du cru 2010, ce n'est  pas bien grave car nous pouvons toujours  disposer de  quelques bonnes bouteilles des années antérieures. Ce n'est pas ce raffin qui nous inquiète, mais un autre, Monseigneur Raffin,  l'évêque de Metz.  Le Bon Dieu  n'a guère été clément avec ses ouailles pour la traditionnelle fête du 15 août. Le  bénitier céleste a débordé,  et  il est tombé  tellement de grenouilles que  l'évêque a du annuler la procession du jour qui devait conduire les pénitents messins  du parvis de la cathédrale jusqu'aux pieds de Marie qui fait bronzette  toute l'année au milieu des terrasses de cafés de la place Saint-Jacques. Est-ce en raison de cette contrariété que Monseigneur s'est alors  laissé aller à une colère publique contre une manifestation d'art contemporain organisée récemment dans une église de la ville ?

De quoi s'agit-il ? « Bouche-à-Oreille », une association messine d'animation organise chaque année une initiative culturelle intitulée « Flânerie ». Dans le cadre de Metz en Fêtes, l'association propose un parcours artistique de performances et de petites formes pluridisciplinaires ; arts plastiques ; musique ; théâtre ; danse contemporaine….Il s'agit pour elle d'offrir un éclairage sur la ville avec une poétisation du paysage urbain et la découverte de nouvelles formes artistiques. On aime ou on n'aime pas l'art contemporain, mais il faut peut-être s'arrêter un instant pour  essayer d'en comprendre les détours avant de rejeter cette expression.  Cette année, une église du centre ville a ouvert ses portes à un artiste local pour une intervention poétique dans l'espace public de l'église. Mgr Raffin n'a pas apprécié et a dénoncé au cours de son homélie pluvieuse « des actes inadmissibles qui insultent la foi chrétienne et la messe »  « D'après les rapports qu'on m'a faits, a-t-il dit - est-ce Dieu lui-même qui lui a fait un rapport de remontrance ? - deux personnages sont venus à l'autel et ont proféré des paroles d'insultes à la foi ». Il a précisé également que « l'on avait abusé de la confiance du curé pour se livrer à une parodie scandaleuse de la messe » tout en soulignant que c'était déjà la deuxième fois  que des artistes se livraient dans cette église à des actes inadmissibles en faisant allusion  à la Nuit Blanche d'octobre 2009. On sait que Mgr n'est pas très rabelaisien. On sait aussi qu'il ne proteste guère dans l'espace public lorsqu'il s'agit de manifester sa solidarité en faveur des plus démunis ou des sans-papiers.  C'est aussi un évêque bien silencieux lorsqu'il s'agit de s'engager un tout petit peu sur des problèmes sociaux. Mais il sait à l'occasion sermonner et rappeler à l'ordre ecclésiastique les notables politiques locaux présents à ses offices. Le maire socialiste de Metz, Dominique Gros a retenu la leçon et va diligenter un rapport pour plaire à Monseigneur. Solidaire de la vindicte cléricale, Patrick Thill, le chef de l'UMP local, par ailleurs adepte des dérapages sécuritaires d'Estrosi, estime qu'avec lui, la culture serait plus disciplinée. L'actuel adjoint au maire à la culture, l'ex communiste Antoine Fonte n'avait pas fait le déplacement à la cathédrale mais a présenté ses sincères excuses à la communauté catholique ». Quant au député messin de l'UMP  Denis Jacquat, présent aux côtés de l'évêque le 15 aout, il a gardé le silence certainement pour ne pas se faire inutilement remarquer dans la mesure où il est mis en examen dans une affaire de détournement de deniers publics au profit de ses campagnes électorales.

Quant aux principaux protagonistes de cette affaire, l'association organisatrice et l'artiste incriminé, ils se montrent très surpris par cette mise à l'index. Ils ont déclaré au Républicain Lorrain,  « Ce n'était nullement une provocation gratuite mais une volonté de souligner les dérives actuelles de gens qui désertent les idéaux chrétiens, ou humanistes au profit de l'argent ….. Nous ne nous serions pas permis de proposer quelque chose de blasphématoire. » L'artiste local a revendiqué son acte en expliquant, « Ce n'est pas une critique de la religion que j'ai faite mais du capitalisme comme religion, fait de croyances et de rumeurs, surtout depuis la crise économique ». Il a également  précisé avoir déposé sur l'autel une peluche de Mickey pour que cela soit explicite et s'être inspiré de textes de Walter Benjamin et de Max Weber.

 

……..Walter Benjamin, Max Weber, critique du capitalisme, art contemporain, Flânerie, ce n'est vraiment pas très catholique tout cela !

Jean-Luc L'HÔTE (20.08.2010)

 



31/08/2010
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