La Mirabelle Rouge

3 semaines de grève à la SNCF en décembre 1986/janvier 1987

A l'issue de 3 semaines de grève en  décembre 1986/ janvier 1987, la Direction SNCF est obligée d'avaler son projet initial de grille des salaires au mérite. Elle est également contrainte de réviser toute sa conception de l'organisation du travail. Les effets positifs de la grève vont se traduire dans la vie sociale pendant plusieurs années. Le slogan des cheminots grévistes : «  Plus jamais comme avant ! » fait son entrée dans la vie réelle. La réalisation des listes de la notation annuelle, l'organisation des grilles et des tableaux de service, les classements du déroulement de carrière sont garantis par des critères collectifs,  et placés sous le contrôle syndical. Ce n'est plus l'arbitraire qui est aux commandes ! Ces acquis sociaux importants vont être préservés de longues années par une vigilance militante de proximité très active. L’originalité de la grève de décembre 1986/janvier 1987 réside aussi dans un mouvement qui est parti de la base et qui s’est construit dans la durée malgré  une forte réticence des fédérations syndicales. Dans la plupart des dépôts, l’unité des équipes syndicales a néanmoins été réalisée avec souvent la mise en place de comités de grève et  de coordinations régionales et nationales dont les porte paroles avaient acquis leur légitimité non dans les institutions paritaires mais dans la lutte elle-même.

La Direction SNCF n'accepte pas facilement cette  mise en cause du pouvoir patronal. Quelques jours après la reprise du travail, elle tente de briser le rapport de force par la répression. En utilisant sa hiérarchie caporalisée, elle fabrique des dossiers disciplinaires. Elle va distribuer des centaines de journées de mise à pied dont plusieurs dizaines au dépôt de Metz . Cette  volonté revancharde  se manifeste par la sélection de 5 camarades conducteurs de trains  désignés comme meneurs, pour passer devant un Conseil de discipline. Cette « section spéciale » a ordre d'entériner les dispositions arrêtées : 5 à 8 jours de mise à pied pour chacun des agents, dernier avertissement avant radiation, mutations disciplinaires dans d'autres établissements. Le jour du passage au Conseil de discipline à la Région de Metz en mars 1987, c'est la grève, et une manifestation de plusieurs centaines de cheminots accompagne les 5 sélectionnés jusqu'à la salle du tribunal patronal. L'affaire est une nouvelle baffe pour la Direction et ses sbires. Toutes les journées de mise à pied seront compensées par une caisse de solidarité, la mesure du dernier avertissement sera amnistiée et les mutations disciplinaires seront abandonnées.

Jean-Luc



21/01/2010
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