La Mirabelle Rouge

Caméras des champs: penser la ruralité contemporaine

Caméras des champs, un festival du film documentaire sur la ruralité à Ville-sur-Yron

Festival du documentaire sur la ruralité, Caméras des champs sera de retour à Ville-sur-Yron du 26 au 30 mai. En douze éditions, Luc Delmas, son directeur, a vu évoluer l'univers de la ruralité, ainsi que les films qui en traitent.

 

Entretien avec Luc Delmas

En douze ans, en quoi l'offre de documentaires sur la ruralité a-t-elle évolué ?

« Nous recevons de moins en moins de documentaires contemplatifs ou de dénonciation simple. À une époque, nous avons perçu, au travers des films, une mise en alerte sur des thèmes comme la vache folle, les OGM, l'utilisation de films.

Aujourd'hui, ces constats ont laissé la place à la proposition de solutions. Or, cette prise de conscience n'est pas seulement celle des réalisateurs : elle tient des exploitants. Quoi qu'on en dise, les agriculteurs d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'il y a dix ans. »

Dans ce cheminement, quel est le rôle de Caméras des champs ?

« Le festival est une caisse de résonance, qui se charge simplement de montrer les éléments du débat. Cette année, nous proposerons notamment La grippe du laissez-faire, traitant de l'élevage de cochons en batterie, au Mexique. Et je pense que d'ici trois à quatre ans, nous verrons arriver d'autres films d'Amérique latine, qui, cette fois, proposeront des alternatives à ce procédé. »

Peut-on parler de festival militant ?

« Non, car les thèmes ne sont pas préétablis et notre sélection se fait sans prosélytisme. Mais nous sommes militants dans le sens où nous souhaitons engager un débat citoyen. Notre responsabilité est de proposer un lieu d'éducation populaire, raison pour laquelle nous nous adressons aussi aux scolaires.

Seule restriction : les documentaires vantant le passé agricole ne sont pas retenus. Ce qui nous intéresse, c'est le monde tel qu'il est aujourd'hui. La qualité cinématographique intervient également : on choisit les meilleures réalisations en termes de contenu et d'écriture.

Cette année, nous avons ainsi reçu un documentaire en provenance des États-Unis, grâce auquel nous aurions pu nous vanter de disposer d'une production américaine. Mais non, on ne l'a pas gardé ! »

Le bio et le développement durable sont en vogue. Cette tendance joue-t-elle en votre faveur ?

« C'est dans l'air du temps, donc nous en faisons l'écho. Parallèlement, en dehors du festival, on nous demande de plus en plus d'animer des rencontres sur ce type de problématiques, sur l'agriculture. Nous venons d'être sollicités pour aider à organiser le prochain Mois du film documentaire de Dijon, qui portera sur la ruralité. C'est là l'un de nos soucis : devenir une référence dans ce débat. »

L'avenir de Caméras des champs semble se dessiner au-delà du festival…

« Nous avons plaidé l'idée de développer un réseau des festivals sur la ruralité auprès du ministère de l'Agriculture, le 30 mars, pour que ce rôle soit matérialisé de manière plus pérenne. C'est aussi pour cette raison que nous souhaitons aménager une Maison de l'image à Ville-sur-Yron, qui remplirait le rôle d'archives et de centre de communication.

Et là le problème, c'est que le bénévolat, auquel nous tenons pourtant, ne suffit plus. Nous profitons de conventions avec le Parc naturel régional de Lorraine, l'Université de Metz…

Seulement, à un moment, ces partenariats ont besoin d'être relayés. »

Propos recueillis par Xavier JACQUILLARD( Républicain Lorrain –16.05.2010)

Le festival caméras des champs à lieu du 26 au 30 mai à Ville-sur-Yron.

Renseignements : http://pagesperso-orange.fr/villesuryron



16/05/2010
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