chronique du jour: Woerthgate et discrétion syndicale !
Crise politique au sommet et discrétion syndicale !
Alors que la crise sociale accentue un peu plus chaque semaine les inégalités et charrie son lot de nouvelles alarmantes pour le monde du travail, alors que la crise économique varie ses épisodes pour tenter d’éviter un basculement généralisé, se greffe maintenant sur cette situation, une crise politique qui a les caractères d’une crise de régime. Sarkozy et son gouvernement sont non seulement empêtrés dans des affaires troubles à l’interface des liens permanents qui s’établissent entre le personnel politique en place et les principales familles de la grande bourgeoisie, mais ils persévèrent dans l’illégitimité de leur action contre le monde du travail et la majorité des populations. Eric Woerth, le ministre de la contre- réforme des retraites n’a plus rien à faire au ministère du travail si ce n’est préparer sa valise et abandonner son projet scélérat. Pourtant, il persiste et signe puisqu’il s’apprête à présenter son texte en conseil des ministres le 13 juillet avant l’adoubement par le Parlement aux ordres, en septembre. Il est soutenu dans cette affaire avec une morgue carnassière par la garde rapprochée de l’Elysée et par les quelques petits marquis de droite qui ont trouvé une place flatteuse auprès du Maître. Somme toute cela paraît bien normal puisque les uns et les autres se trimballent quelques gamelles du côté du monde du fric. Ces messieurs ont toujours considéré avec beaucoup de désinvolture les soupçons de connivences matérielles avec les affidés du CAC 40 tant leurs privilèges s’accordent et pensent représenter dans leur singulière supériorité les intérêts de toute la collectivité. Plus surprenant par contre est la discrétion dont font preuve les responsables des confédérations syndicales sur un sujet qui les concernent tout autant puisqu’il s’agit aussi dans cette affaire de l’avenir de notre système de retraite dont Woerth est chargé d’ écrire la partition.
Du reste, toute cette semaine les consultations ont continué comme si de rien n’était au ministère du travail car paraît-il certains aspects de la copie pourraient être modifiés aux marges avant le grand oral de la rentrée. Il faut bien dire que cette confidentialité des rencontres au sommet n’est pas de nature à rassurer. A l’heure actuelle, ce n’est pas de proximité des dirigeants syndicaux avec les cabinets ministériels dont les salariés ont besoin mais de perspectives d’action pour empêcher le passage de la nouvelle loi. Il faut dire haut et fort qu’il n’y a rien d’autre à exiger que le retrait pur et simple du texte. Comme lors du CPE en 2006, c’est cette mobilisation qu’il faut préparer et la démission de Woerth serait aussi une bonne nouvelle de ce point de vue.
Jean-Luc L'HÔTE ( 07.07.2010)