La Mirabelle Rouge

Conférence hostile à Besancenot et au NPA à Nancy

Dans son édition de Nancy du 10 février, L'Est Républicain a relaté avec une grande complaisance, une conférence de Renaud Dély  sur l'ouvrage hostile à Besancenot et au NPA qu'il vient de publier.

L'auteur, dont le pamphlet  édité chez Bourin éditeur (sic), est journaliste  à Marianne.  Marianne, cette feuille réactionnaire si mal-nommée,  comme le dit très justement Philippe Marlière, maître de conférence en science politique à l'University College London, ancien du Parti socialiste et aujourd'hui membre du NPA. Renaud Dély  était invité par l'IUT  Charlemagne de Nancy et comme il est refusé au NPA un droit de réponse, je publie sur mon blog l'intervention d'un militant de Nancy dont une partie a été lue à l'issue de cette conférence avant que celui-ci soit prié de se taire par la direction de l'IUT. Je publie également le courrier envoyé à l'issue de cette conférence au président de l'Université de Nancy, par Jean-Noël BOUET, tête de liste du NPA pour  les élections régionales de mars 2010.

Jean-Luc ( 10.02.2010)
 

 

 

Vous avez exposé votre point de vue pendant 40 minutes, je ne doute pas qu'ouvert comme vous êtes, vous allez m'accorder 10 minutes de droit de réponse. Pas une de plus, promis.

Vous avez exposé votre thèse, j'expose l'antithèse, vous ferez la synthèse.

 

 

Mr Dely, la thèse de votre livre consiste à créer un amalgame entre Besancenot et la droite (Sarkozy en particulier) comme si ils étaient dans le même camp, alors que tous les militants du NPA passent leur vie après le boulot à combattre la politique de la droite.

Je dis après le boulot, car nous ne sommes pas des professionnels de la politique, nous sommes des salariés, des employés qui militent sur notre temps libre.

Votre livre appuie sa démonstration sur plusieurs pseudo points communs:

1/ Sarkozy et Besancenot tapent tous les deux sur le PS.

Effectivement le NPA a des divergences avec le PS , mais parfois aussi des convergences.

Lorsque le PS défend une politique de gauche, nous sommes avec eux.

Par exemple, nous étions ensemble dans le même collectif contre la privatisation de la poste.

Par contre lorsqu'ils mènent une politique libérale, nous sommes contre.

Si on reprend l'exemple des privatisations, lorsque le gouvernement de gauche plurielle a privatisé notamment Air France, nous l'avons combattu.

En somme nous ne combattons pas une étiquette mais une politique.

 

Nous sommes contre les privatisations, disais-je (et particulièrement celles concernant l'accès aux énergies et les services publics) quel que soit le parti qui les met en œuvre : que ce soit l'UMP, les Verts, le Modem ou le PS.

Ce n'est quand même pas de notre faute si le PS mène plus souvent une politique libérale qu'une politique que nous estimons être de gauche.

En outre nous n'avons pas le même projet politique que le PS.

Le PS est pour un capitalisme soi-disant domestiqué et nous, au NPA, sommes pour un socialisme démocratique.

Ils ont le droit de défendre leur politique mais nous aussi.

Avec votre raisonnement toute la gauche devrait se ranger derrière le PS même si les projets ne sont pas les mêmes sinon sans quoi, cela semblerait faire le jeu de la droite.

Curieuse conception de la démocratie et du débat d'idées.

Notre projet anticapitaliste devrait ainsi disparaître de l'espace politique ?

 

A terme avec ceci on arrivera à un bipartisme comme aux Etats unis. Là-bas le débat démocratique est circonscrit à deux partis partisans d'un même système économique : le capitalisme.

Il y a simplement un parti un peu moins brutal que l'autre.

Dans ce type de système, il n'y a plus de force pouvant présenter défendre en débat public des mesures comme celles que nous proposons.

C'est à dire l'augmentation générale des salaires de 300€ , le monopole public bancaire, l'interdiction des licenciements, etc.....

On peut ne pas être d'accord avec ces mesures.

Mais d'un point de vue simplement démocratique, on peut se dire qu'elles méritent d'être discutées dans l'espace public.

 

2/Les points communs cocasses de votre bouquin :

Besancenot et Sarkozy aiment le PSG. Ils font du vélo.

C'est vraiment n'importe quoi et du point de vue de l'argumentation très pauvre. Par exemple Besancenot et Sarkozy font du vélo.

Et bien oui Besancenot est salarié et dans son métier on fait du vélo.Ce n'est pas nous qui avons décidé qu'à la poste on utilise des vélos et pas des scooter ou des solex.

On n'a pas fait cela pour que OB ressemble à Sarkozy.

 

Olivier était déjà postier avant de se présenter aux élections, il faisait donc déjà du vélo. Il s'est présenté la première fois en 2002 soit 5 ans avant que Sarkozy ne devienne président.

Sur le fond politique, notre porte -parole est un salarié et c'est aussi un message politique. Nous voulons montrer que les salariés, qui sont quand même une catégorie ultra majoritaire dans le pays, sont tout à fait capables de faire de la politique.Ce sont les meilleurs spécialistes de leurs conditions de vie et donc les plus capables de proposer une politique favorable au plus grand nombre.

 

3/ Vous nous reprochez d'utiliser les médias de masse. (Nous ne sommes pas les seuls, mais passons).

Évidemment nous sommes tout à fait conscients que pour parler à un public large, il faut passer par-là.

Nous comprenons que beaucoup des partisans du système tel qu'il est aimeraient que des adversaires comme nous soient inaudibles

Mais notre but c'est de convaincre le plus largement possible.

Nous pensons que le capitalisme est mauvais pour l'homme et pour la planète et les faits nous donnent raison.

Nous pensons également que pour rompre avec lui, il faudrait un mouvement majoritaire le plus large possible, qui plus est, ne vous en déplaise, révolutionnaire.

En conséquence nous essayons de convaincre en utilisant les moyens qui touchent le plus de gens possible.

 

Intervention interrompue

 

 

J'ajouterai que lorsque OB va dans des émissions comme celle de Drucker, il y va pour porter un message politique. C'est un des moyens pour représenter la parole des salariés qui parlent de leurs luttes. Besancenot essaie systématiquement de parler d'une lutte sociale. Nous sommes ainsi parmi les trop rares porte -parole des luttes.

4/ Pour finir, je vous présente 3 idées qu'il nous semble utile de faire entendre, dont une question qui ne vous est pas directement destinée.

1 Les Sondages récents vous contredisent : - 2 sondages + ou moins significatifs : 

- Question : qui est le Meilleur opposant à NS, OB est 3ème derrière Martine Aubry et François Hollande.

- 74 % des électeurs du NPA disent vouloir voter en faveur du  NPA pour sanctionner le gouvernement Sarkozy contre 71% pour le Front de gauche, 55 % pour le PS et 38% pour Europe écologie. C'est donc le score le plus important (Sondage février 2010).

2  - Etait-il opportun d'organiser cette conférence en plein début officiel de la campagne pour les élections régionales ? A ce sujet, nous ne sommes pas contre le fait que vous écriviez un tel livre car nous sommes pour la liberté d'expression, mais que l'on mette au service de cette conférence les moyens du service public de l'université nous dérange. Où est l'égalité de traitement dans le débat public?

Nous profitons donc de cette occasion pour demander aux responsables de l'université des moyens égaux de leur part pour permettre au NPA de faire aussi une conférence présentant son programme : 1 amphithéâtre et un mailing liste d'invitation à une réunion publique adressée à 30.000 étudiants, IATOSS et enseignants.

3 - Vous parlez de l'idiot utile de Sarkozy, nous pouvons facilement vous retourner la politesse en vous nommant idiot utile de l'ultra libéralisme. Selon une rumeur insistante, vous avez tout simplement repris une thèse développée par des milieux de la droite la plus réactionnaire et vous êtes même accusé de plagiat :

En effet, "Le bouffon du roi" est un essai signé par Sabine Herold, paru le 15 mai 2009 aux Editions Michalon.

Une fois n'est pas coutume, je vais vous faire lecture de quelques lignes de Sabine Herold, la pasionaria thatchérienne du mouvement « Liberté, j'écris ton nom », comme la nomme Charlie Hebdo.

Je vous en lis le résumé, tellement c'est gros : À la cour du roi, le bouffon n'est pas seulement un clown. Son rôle est aussi celui de conseiller, maniant l'insolence et l'humour à des fins très politiques. Carte blanche lui est donnée pour communiquer autrement les messages du roi, briser les tabous mais aussi  tester les idées et les hommes ou désamorcer la critique des véritables fâcheux. Le bouffon protège le pouvoir du roi.  Il est, au fond, son meilleur et plus fidèle allié. Vous connaissez déjà le roi : notre président Nicolas Sarkozy. Voici le bouffon, facteur de son état dans la bonne ville de Neuilly et leader politique de la gauche ultra, le médiatique Olivier Besancenot. Les deux hommes comptent sur les mêmes appuis, s'entraident, partagent des combats et se préparent, tout à tour, le terrain. Rien ne suggérait cette alliance fortuite qui reste invisible aux yeux du plus grand nombre.  C'est le projet de l'auteur de vous la rendre évidente, en même temps qu'il vous en dévoile l'objectif : préserver et accroître le pouvoir respectif du tandem.

Là, le parallèle entre Renaud Dely et Sabine Herold est clair, il ne s'agit pas d'une vue de l'esprit.

 

Et enfin pour terminer : l'affaire du voile : D'une main, les médias disent ne pas  vouloir médiatiser Besancenot, le redoutable révolutionnaire (qui ne ferait que ramener la vieillesse bourgeoise apeurée dans le giron sarkozyste), et de l'autre, elle le bombarde en une de ses pages pendant une semaine sans qu'on comprenne pourquoi.

 

Ilham Moussaïd est un non sujet. Que les hommes politiques de gauche comme de droite  s'en saisissent ne fait qu'illustrer, si besoin était, leur affligeante propension à faire de la mousse avec n'importe quoi. (Ainsi, on trouve une conseillère municipale communiste avec le foulard à Echirolles, et une socialiste à Creil qui n'ont pas provoqué de buzz médiatique ou politique). Les politiques souhaitent à dessein cacher leurs piteux résultats quand ils sont au pouvoir, dissimuler leur carence d'idées quand ils attendent leur tour dans l'opposition. En revanche, que la presse s'empare de l' « affaire » et monte une cabale de toutes pièces, au risque de stigmatiser une religion déjà passablement haïe, est gravement anormale au regard du devoir qui lui incombe d'informer, d'éclairer et de détromper si besoin est la population.

 

 

Monsieur le président de l'université de Nancy,

 

Une conférence intitulée   "Besancenot, l'idiot utile du sarkozysme" par Rénaud Dély  et ce à l'invitation des étudiants de l'IUT Nancy-Charlemagne, département Information et Communication, filière Métiers du Livre, Librairie, s'est déroulée le lundi 8 février 2010 à 20h30 à l'IUT Nancy-Charlemagne, Amphithéâtre Botté, 
l'invitation était ainsi libellée:
 " Renaud Dély, directeur adjoint de la rédaction de Marianne viendra nous parler de son dernier  essai politique publié en 2009 chez Bourin éditeur : Besancenot, l'idiot utile du sarkozysme. Arguments et exemples à l'appui, l'auteur met en lumière les connivences plus ou moins tacites, 
 fortuites ou voulues entre un pouvoir élyséen manipulateur et le NPA de Besancenot.   A qui profite le crime ? Autant aux deux leaders, semble-t-il..."

L'organisation de cette conférence  dans un bâtiment public, en pleine période de campagne électorale pour les élections régionales, et ce, le jour même du début de la période de réserve est tout simplement scandaleuse.
Le libellé de l'invitation, affichée partout dans bâtiments publics placés sous votre responsabilité, la diffusion massive à tous les étudiants, enseignants personnels IATOSS  de cette "invitation" qui s'apparente davantage à un tract électoral qu'à une annonce pédagogique, sont des manquements très graves à l'obligation de réserve.

Nous vous  rappelons que cette obligation de réserve qui commence le 8 février est un usage systématiquement observé par l'administration d'Etat à chaque échéance électorale. Son objet essentiel est de garantir la neutralité de l'Etat et des services publics, et de s'assurer qu'aucun fonctionnaire ne fera usage de sa fonction à des fins de propagande électorale.

 

Nous vous rappelons également que grâce aux luttes menées par les étudiants et les personnels, avec l'appui, entre autres, du NPA, l'université que vous présidez est encore un service public. 

 

Aussi nous exigeons de  pouvoir disposer des même moyens que vous avez mis à disposition des promoteurs de cette action. C'est à dire organiser une réunion publique dans un amphithéâtre de l'université durant la campagne électorale, et pouvoir envoyer une invitation à tous les étudiants et personnels de l'université, via la messagerie électronique de l'université.

 

 

Dans l'attente de votre réponse nous vous prions d'agréer nos salutations démocratiques.

 

 

 

Pour le NPA

 

Le candidat

 

 

Jean Noël BOUET

 

 

 



10/02/2010
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