La Mirabelle Rouge

De Berlin à Perl, manifestation antinucléaire européenne.

Les antinucléaires ne désarment pas. Allemands, Luxembourgeois et Français se sont réunis, hier à Perl, pour dénoncer la « vieille » centrale de Cattenom et, comme à Berlin, protester contre les projets d’Angela Merkel.

 

A Berlin, hier, plusieurs dizaines de milliers d’Allemands ont défilé pour exiger le respect du plan de sortie du nucléaire civil en 2022, élaboré il y a dix ans par le gouvernement Schröder. A Perl, entre Apach et Schengen, ils ont été plus modestement quelques centaines, rejoints par un fort contingent de Luxembourgeois et une poignée de Français, pour se rassembler en faveur de… l’arrêt de la centrale de Cattenom, à quelques encablures. Mais qu’importe le nombre ! A Berlin comme dans le Pays des Trois-Frontières, les arguments sont les mêmes. Avec, en prime, le slogan toujours répété : « La radioactivité ne connaît pas de frontières, notre lutte non plus. »

Pour les Verts de Lorraine, c’est un combat emblématique. L’un des rares où ils sont tous d’accord entre eux, et tous en désaccord avec les autres partis de la gauche. «  La France est le pays le plus nucléarisé au monde, rappelle leur secrétaire générale, Eliane Romani. Alors, si nous sommes ici pour exiger la clarté sur l’avenir de la centrale de Cattenom, nous savons bien que ça ne réglera pas le problème de fond. Parallèlement, nous savons bien qu’il faudra développer les énergies alternatives et maîtriser la consommation d’énergie. »

Un credo auquel Daniel Béguin, vice-président de la Région Lorraine, ajoute l’enjeu politique : «  En clair, nous attendons le discours de Martine Aubry sur la question. En Lorraine, par exemple, nous avons créé un prêt à taux zéro [pour l’isolation thermique des logements], auquel ont déjà souscrit 7 500 emprunteurs. Mais les socialistes devront bien un jour prendre position sur la sortie du nucléaire… » Un défi pas irréaliste, ironise Eliane Romani : «  Masseret était partisan de l’A32, il a montré qu’il peut finir par changer d’avis ! »

Le spectre de l’accident

Le débat franco-français interloque les Allemands. Aux côtés des Grünen, le SPD de la Sarre et la gauche radicale (Die Linke) affichent clairement leur opposition aux projets d’Angela Merkel, qui souhaite accorder aux dix-sept réacteurs nucléaires du pays un sursis de huit à quatorze ans supplémentaires, selon leur ancienneté. Le dernier pourrait s’arrêter vers 2040.

Alors que du côté français, les écologistes dénoncent l’emprise d’EDF et d’Areva, les Allemands s’insurgent contre les « énormes profits » consentis à RWE, EON, EnBW et Vattenfall, les principaux opérateurs du pays. Au passage, les Verts lorrains saluent avec un soupçon de jalousie la fibre écolo de nos voisins. «  On n’a pas la même sensibilité », regrette leur secrétaire générale…

Mais tout le monde n’a pas baissé les bras. Sous le pâle soleil qui réchauffe le vignoble, Charlotte Mijeon, du comité «  Non à Cattenom », lance l’alerte : «  Si, dans cette région transfrontalière, un accident devait survenir dans cette centrale vieillissante, un million de personnes seraient concernées. » Et après elle, la ministre sarroise de l’Environnement, Simone Peter, enfonce le clou : «  Le chemin passe aujourd’hui par les énergies renouvelables. L’énergie nucléaire est un cul-de-sac sans avenir. »

 

Bernard MAILLARD (Républicain Lorrain- 19.09.2010)

 



19/09/2010
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