La Mirabelle Rouge

Dédicace à Sarko pour la prochaine expo à Pompidou-Metz

- Mardi 11 mai, Sarkozy inaugure en grande pompe le centre Pompidou-Metz.
La Mirabelle Rouge lui dédicace la prochaine expo.


 

 

Petite histoire vraie de cheminot concernant l'inauguration du centre Pompidou......

METZ …..mardi   11 Mai 2010,   3H30 ……..
…….ou les discrètes coulisses sécuritaires d'un état de siège sarkosien.
 

Face au somptueux CENTRE POMPIDOU, à quelques heures de son inauguration officielle et présidentielle, effrontement la petite maisonnette, sise au 114, Rue aux Arènes, lieu de permanence des Cheminots C.G.T. de METZ, s'affaire ou s'agite encore, certes joyeusement.

Nous sommes ainsi cinq militants, désireux de participer « originalement » à la fête culturelle qui se prépare fébrilement en face.

On s'attèle, après les avoir confectionnées avec des draps blancs, à placer dans un chéneau la première banderole porteuse de slogans et autres revendications relatives à la survie du FRET SNCF et ce, aux fins aussi de fleurir ce que la députée U.M.P. locale qualifie, avec mépris et un rejet sous jacent de la C.G.T., de « verrue », dans cet « impérial » quartier de la Gare.

Cependant, la technique du drap enroulé comme un auvent fermé, puis déroulé de l'intérieur en catimini par des ficelles pour l'arrivée de SARKO et de la susvisée (entre autres), ne sera qu'un rêve, un fantasme de happening militant.

En effet, eu égard à un manque de préparation matérielle et d'outils adaptés, c'est dans les fous rires prévisibles, que nos « subversifs » messages nous retombent dessus avec son support réfractaire à rester dans le chéneau, malgré plusieurs essais.

Notre juvénile humeur espiègle et enjouée, telle dans « ZERO DE CONDUITE » de Jean VIGO, va cesser avec l'arrivée soudaine et néanmoins prévisible d'un véhicule de la B.A.C. (Brigade Anti Criminalité), certes légitimement intriguée par notre nocturne et insolite manège.

Les Agents débarquent vivement de leur voiture banalisée « garée » à cheval en biais sur le trottoir et à gauche de la chaussée, jouxtant notre local dit « petite maison dans la prairie ».

Ceux-ci évidemment nous demandent l'objet de notre présence entre le bâtiment et la barrière. Nous tentons de faire diversion mais ils remarquent notre désormais « pathétique » banderole qu'ils nous extorquent à la faveur d'un tour de passe passe ou d'une « faiblesse » de l'un de nous.

L'un d'eux nous demande de lui présenter nos pièces d'identité, ça traîne un peu, ça discute, pour ma part je fais semblant de les chercher à l'intérieur, puis revient pour rejoindre le groupe ; il est environ 3H40 mn, et constate que des collègues connus, appartenant à la SUGE (Surveillance Générale = Police interne de la SNCF) arrivent sur les lieux, et commencent à s'entretenir avec nous.

Dès lors, le ton devient plus détendu, plus badin, voire convivial, humanisé en tout cas par cette confrontation qui devient médiation. Ca continue donc à palabrer, ici et là, quand le même Agent « monomaniaque » de la B.A.C. réitère son impérieuse demande de lui présenter des pièces d'identité, pourtant a priori désormais renseigné sur notre « qualité » de militants C.G.T. Cheminots ! Un autre tente

vainement de nous faire décoller des volets, les affiches : « FRET SNCF DECLARE D'INTERET PUBLIC » pourtant là depuis plusieurs semaines !

Instinct de conservation, geste réflexe de syndicaliste, j'invite aussi sec et promptement mes quatre camarades à se réfugier et s'enfermer dans notre local, au statut d'ambassade pour la cause.

Ainsi, nous avons exercé le principe de précaution anti abus de droit voire anti bavures.

3H45, on sonne à la porte de la maisonnette : ce sont nos collègues de la SUGE que l'on laisse pénétrer, qui vont rester quelques minutes et discuter avec nous ; au passage l'on entend une info entre eux selon laquelle l'équipe initiale de la B.A.C. va « faire descendre les officiers » : a priori comprendre demander des renforts et surtout avis des O.P.J. ; ces derniers manquaient-ils à cet attelage ?

De plus, la SUGE nous apprend encore que la B.A.C. peu satisfaite sans doute, de notre absence de docilité soumise, est en train de relever les caractères minéralogiques des voitures stationnées derrière la petite maison : peine perdue, aucun de nous n'y a son véhicule.

4H00 : pour l'heure, à l'abri dans notre « ambassade », déplorant la perte de la première banderole, tout en plaisantant qu'à moitié sur ce qui pourrait devenir un « Fort Chabrol » en fin de matinée, nous débutons une partie de tarot…

4H30mn : David, notre Secrétaire Général, reçoit sur son portable, un appel auquel il ne répond pas sciemment, appel non identifié pour le moment d'un autre portable qui ne laisse pas de message. En fait, cet appel émane de la Cellule Sécurité Publique de la Préfecture, David le saura vers 7H 30 en rappelant ce numéro.

6H 30 : Après quelques tergiversations, de guerre lasse, nous décidons de lever le camp et d'aller nous coucher, pas spécialement devant SARKO, mais tout simplement dans notre lit. Nous avons sauvé au moins une banderole toujours d'actualité car porteuse de propositions C.G.T pour un financement équitable et solidaire des retraites.

Je sors du local quand je me retrouve nez à nez avec deux hommes en civil venant de l'arrière de la maisonnette, lesquels constituent un « binôme » des R.G. devenu le S.R.I. David et l'un d'eux se connaissent bien, et ce dernier nous racontent les impacts générés sur l'organisation policière par notre actuelle présence et tentative d'action.

En effet, le climat policier avec sa culture du chiffre à tout prix, impulsé par l'actuel Chef de l'Etat, puis ce que j'appelle la jurisprudence de ST. LO, mettent tout le monde sur le qui-vive notamment à quelques heures de cette visite présidentielle. Dès lors, il était attendu que la B.A.C. fasse son rapport qui remontera à sa hiérarchie, au S.R.I. de l'Hôtel de Police, au Directeur départemental de la Sécurité Publique, au Préfet voire jusqu'à la place Beauvau !

Nous apprenons aussi que notre banderole confisquée, « prise de guerre » de la B.A.C. se trouve désormais à l'Hôtel de police de METZ, non pas pour y trôner de façon militante mais comme pièce à conviction ! Justement puisse-t-elle aussi convaincre dans cet environnement !

7 H  : Après discussion avec les Agents du S.R.I., nous leur confirmons notre désir de quitter le local, à leur satisfaction intérieure mais perceptible et peut-être au grand soulagement de la Sécurité Publique locale, Préfectorale et de la Place Beauvau !

 

Claude ROUVIERE.

Retraité SNCF C.G.T. CHEMINOTS METZ

La Mirabelle Rouge remercie Claude pour ce reportage insolite dans les coulisses de la visite messine de Sarkozy.



06/06/2010
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