La Mirabelle Rouge

Hollande et son programme: un couteau sans lame...

 

 

 

Lors de sa prestation au Bourget, Hollande a clairement visé l’électorat de gauche. Mais derrière les belles paroles, on voit bien les vieilles recettes de l’austérité.

Avec son discours inaugural au Bourget, dimanche dernier, le peuple de gauche aurait-il finalement trouvé son héraut en la personne de François Hollande ? Ce qui est sûr, c’est que le candidat socialiste à l’élection présidentielle n’a pas lésiné sur les moyens pour s’inscrire, au moins en paroles, dans l’épopée de la gauche dont il a égrené les grands moments et les riches heures : la Révolution française, le Front populaire, la Résistance et la Libération, la victoire du 10 mai 1981. Et même Mai 68, c’est dire ! En parallèle, Hollande s’est méthodiquement dépeint en futur président qui, point par point, prendrait l’exact contre-pied des agissements de Nicolas Sarkozy.

A gauche toute
Bien sûr, on peut s’interroger sur la sincérité du personnage… Mais les symboles évoqués comme la tonalité du discours sont révélateurs : quels que soient ses penchants extrêmement « modérés », son refus de toute remise en cause réelle du système ou sa stratégie d’alliance qui lorgne plutôt vers Bayrou et l’électorat centriste, Hollande se sent obligé de tenir un discours qui est à la fois violemment anti-Sarkozy et qui remet au centre du débat le clivage entre la gauche et la droite. Et, pour cela, il n’a pas hésité à puiser dans les vieilles recettes dont, avant lui, François Mitterrand avait usé et abusé. « J’aime les gens comme d’autres sont fascinés par l’argent » : une place de choix a ainsi été réservée à la dénonciation des privilèges, du règne de « l’argent-roi » et… de la fascination qu’il exerce sur le président sortant. Point d’orgue logique de ce ressourcement aux valeurs de gauche, Hollande a identifié l’ennemi : « Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies ». Il ne fait aucun doute que c’est bien là le genre de discours que les salariéEs, les classes populaires – et même une grande partie des militants socialistes ! – ont envie d’entendre. 

Défenseur des pauvres ?
De là à considérer François Hollande comme le défenseur des pauvres et des oppriméEs, voire comme un anticapitaliste, il y a un (grand) pas qu’il faut se garder de franchir ! Il y a, en effet, un gouffre entre ces déclarations lyriques destinées à flatter les aspirations du peuple de gauche et les mesures concrètes proposées. Le programme précis de Hollande ne sera présenté qu’en fin de semaine. Mais le discours du Bourget fournit quand même quelques indications et en illustre assez bien les limites que l’on peut illustrer sur quelques exemples. 
Notons d’abord – c’est assez classique sous la ve République… – que le candidat commence par s’affranchir du parti qui l’a désigné : ainsi, en passant du programme socialiste (quand même ratifié par le vote des militantEs et par une convention PS) au discours du candidat, les « emplois d’avenir » pour les jeunes ont juste fondu de moitié, passant de 300 000 à 150 000. Sans remise en cause de la durée de cotisation, le retour à la « retraite à 60 ans », tel qu’il est prôné par Hollande, signe en réalité, pour le plus grand nombre, l’abandon de la retraite à 60 ans. Après quelques polémiques au sein de l’état-major socialiste, Hollande a tranché sans surprise : les 60 000 postes à créer dans l’Éducation nationale le seront à effectifs et budget constants pour la fonction publique. Pour chaque enseignantE supplémentaire, il y aura une infirmière, un cheminot, un agent de Pôle Emploi en moins.

Il y a, évidemment, une raison simple à tout cela qui est que François Hollande partage le credo commun à la grande majorité des responsables politiques des partis institutionnels : amélioration de la compétitivité des entreprises françaises, « maîtrise des finances publiques » et désendettement… par le remboursement de la dette publique illégitime. Ce qui débouche inévitablement dans un premier temps sur une très grande discrétion à propos de la question des salaires et du pouvoir d’achat. Et, dans un second temps, sur une version de gauche de l’austérité dont les gouvernements « socialistes » de Grèce, du Portugal et d’Espagne ont récemment montré l’exemple.

François Coustal




28/01/2012
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