Ils liquident les services publics de l'éducation..manif à Nancy
Les centres d'information et d'orientation du service public connaissent eux aussi les conséquences de la politique budgétaire du gouvernement. La restructuration en cours est un premier pas vers la liquidation de l'activité. Vendredi 4 juin à Nancy le personnel des CIO de
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Article Républicain Lorrain 05.06.2010
Cette inquiétude a germé sur deux terrains : philosophique et économique. Philosophique car c'est une remise en question profonde de leur profession qui est à l'étude. Il s'agit à la fois de limiter leurs champs à un public « à besoins éducatifs particuliers » (jeunes handicapés, décrochages scolaires, nouveaux arrivants en France), de restreindre leur fonction à un rôle d'expert auprès des chefs d'établissements et de transférer aux enseignants leurs tâches habituelles de suivi et d'accompagnement.
« Tous les publics ont besoin de nous, défend Chantal Salet (Thionville). Au lycée, les élèves sont perdus. Et si nous faisons de la prévention, c'est justement pour éviter les décrochages. » « Notre rôle est une richesse à préserver, prolonge Anne-Lise Huguenot-Noël (Saint-Dié). Même s'ils sont bien formés, les enseignants n'ont pas notre regard neutre et notre vue d'ensemble. Ils sont évaluateurs. » Les COP rappellent d'ailleurs qu'ils ont suivi une longue formation, mené des stages en entreprise et bâti un réseau social et économique qui légitime leur travail.
Il est pourtant question de les transférer vers des plate-formes dématérialisées ce qui limiterait leurs interventions en milieu scolaire et mettrait en péril l'existence même des CIO. « On va dépersonnaliser les entretiens. On répondra au téléphone et on n'aura plus qu'à envoyer un fax ou un mail pour orienter les personnes. Internet est déjà là pour ça. S'il y a un vrai besoin, les gens vont se tourner vers des CIO privés ou des boîtes de coaching. Ce sera la sélection par l'argent. »
L'autre inquiétude est économique. Les centres de Briey et Lunéville sont, en effet, menacés de fermeture et ceux de Metz et Thionville devraient perdre leur budget de fonctionnement en janvier 2011 selon l'intersyndicale. Car certains conseils généraux ne veulent plus soutenir ces structures et prônent une étatisation. « C'est une minorité de départements hélas, pas assez pour espérer une réponse nationale », déplore André Pira (Metz-Les Roches).