La Mirabelle Rouge

Interview d'un gréviste de Total....

Interview d'un gréviste de Total...

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L'annonce de Total de la fermeture de la rafinerie des Flandres a lancé une forte mobilisation de l'ensemble des salariés du groupe. Nous faisons le point avec Benjamin Desjardin, salarié à la raffinerie de Normandie à Gonfreville l'Orcher.

NPA: Peux-tu expliquer les raisons de la grève actuelle ?

« Depuis mercredi 18 février, les salariés des raffineries, centre de dépôts et des établissements de production de Total en France sont en grève en solidarité avec les collègues de la raffinerie des Flandres (à Dunkerque) avec arrêt total de la production de carburant depuis jeudi soir dans les raffineries.
Toute cette mobilisation a pour origine l'arrêt depuis septembre 2009 de la raffinerie dunkerquoise, suite à une supposée diminution des consommations françaises alors qu'on y fait parvenir des produits de l'étranger déjà raffinés.
Ils se sont mis en grève illimitée suite aux rumeurs médiatiques patronales en janvier sur la fermeture de la raffinerie dunkerquoise afin d'avoir des réponses de la direction générale. Les autres raffineries se sont mises en grève par solidarité avec leurs collègues. Ils se sont donnés rendez vous à Paris au siège social le 1er février, le jour du CCE mais sans réponse claire de la direction et un calendrier lointain, malgré une forte mobilisation de milliers de salariés de Total de toute la France avec appui de ceux des entreprises dunkerquoises et d'Exxon. Suite à cela les salariés de dunkerque ont posé un ultimatum à la direction au 15 février pour redémarrer la raffinerie, sans quoi ils l'exécuteront eux même. Le mardi 16, ils ont donc investi le site malgré la présence de la police privée patronale en nombre qui a réussi à blesser quelques salariés, et les autres raffineries se sont mises en grève de 48 heures par solidarité.
De plus, le groupe Total a prévu également de fermer ou vendre des dépôts, ce qui a mené à une grève plus importante. »

NPA: Comment se déroule le mouvement ?

« Le mouvement de grève se passe dans un climat serein, malgré les pressions patronales et hiérarchiques habituelles sur les salariés gréviste. La grève est appuyée par l'intersyndicale CGT, FO, SUD et CFDT. Le syndicat des cadres CGC nous ayant abandonné, sans surprise. Les prises de paroles sont effectuées à chaque relève pour informer de la situation et consulter les salariés qu'ils soient en quart ou de journée. Les salariés sont toujours très nombreux à poursuivre le mouvement à chaque relève depuis le début de la grève. »

NPA: Comment vois-tu la suite du mouvement ?

« La balle est désormais dans le camp de la direction générale et leur silence ne fait que durcir le mouvement de grève totale.
Le ton s'est d'ailleurs endurci depuis jeudi soir à cause du mutisme face aux exigences fixées par les salariés de Total. De plus, à l'heure où je vous parle, les salariés d'Exxon, également inquiets de leurs avenirs, nous rejoindraient dès lundi dans le mouvement.
Il faut savoir que la discrétion de leur part n'est pas innocente, en effet, le gouvernement, à l'approche des élections régionales, fait pression afin qu'une réunion ne s'y tienne qu'après ces scrutins. On pourra craindre une forte recrudescence des suppressions d'emplois en général en France suite aux élections, et ce serait valable pour le groupe Total si nous ne nous sommes pas mobilisés en ce moment.
Les conditions fixées par la majorité des syndicats et par les salariés sont les suivantes :

  • Départ immédiat des vigiles du site de Flandre
  • Engagement écrit de la direction du groupe pour retraits des plaintes, aucune pression sur les salariés de Flandre et d'où que soient les salariés grévistes.
  • Dispositions pour permettre le maintien du contrat de travail Total en cas de cession.
  • Tenue d'une table ronde nationale sur l'avenir du raffinage et l'indépendance énergétique du pays (gouvernement).
  • Tenue d'une table ronde sur dunkerque pour la pérennité du site des Flandres et du bassin Dunkerquois. (réalisation du grand arrêt d'entretien prévu initialement en mars, redémarrage...)
  • Respect des IRP et du code du travail, et engagement sur un plan d'investissement pour l'ensemble des sites, donnant une vision claire de la stratégie de l'entreprise.
  • Obtention, au-delà des expertises au niveau français, d'une expertise européenne sur l'avenir du raffinage. »


20/02/2010
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