La Mirabelle Rouge

LE MOUVEMENT LYCEEN PREND DE L’AMPLEUR

 

Samedi 16 octobre

Mobilisés par portables, 800 lycéens se sont répandus hier dans les rues de Metz, contre la réforme des retraites. D’autres manifs ont eu lieu à Rombas, Clouange, Hagondange.


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Photo La Mirabelle Rouge

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La mobilisation de la jeunesse lycéenne prend de l'ampleur et comme à son habitude, la presse et les médias insistent particulièrement sur "les casseurs" puisque ce sont ces  aspects "violents"  qui font le plus vendre "l'information" comme une vulgaire marchandise. Mais la plupart du temps, les manifestations sont joyeuses et enthousiastes, car la lutte solidaire est créateur d'une atmosphère sociale propice à la fête. Ce qui n'enlève à la détermination de la lutte, bien au contaire.

La Mirabelle Rouge

 

A 7 h20, on était trente, on s’est assis devant le Louis-Vincent. L’idée c’était de discuter avec les autres, d’expliquer», raconte Sarah. Elle, elle est en classe de 1 re au Schuman. L’autre animateur du mouvement, Alexandre, est en BTS au Louis-Vincent. A partir de leur sit-in, est né un effet boule de neige. Jusqu’à 8 h d’abord, puis surtout à la pause de 10 h, des centaines de lycéens se sont jetés dans la manifestation. Le cortège s’est offert une vaste ronde, d’un établissement messin du centre-ville à l’autre : Louis-Vincent, Cormontaigne, Fabert, Georges-de-La-Tour. Des renforts sont arrivés d’Anne-de-Méjanès, René-Cassin et surtout Schuman.

« On est tous sortis à la récré de dix heures», raconte Camille, de Cormontaigne. Pour elle, « manifester, c’est important, c’est notre avenir qui est en jeu». « On a envoyé des textos à tout notre répertoire», poursuivent deux autres, déboulés du Georges. « J’avais une heure de perm’, on s’est dit : on va participer !», lance Benjamin, venu du Anne-de-Méjanès. A pas rapides, les lycéens traversent le centre-ville.

Revenus devant le Louis-Vincent, ils sont environ 800. Avenue Leclerc, une vieille dame les applaudit depuis son balcon. Des automobilistes les klaxonnent, solidaires.

Dans le rassemblement, il y a deux catégories. D’un côté, de gros bataillons de jeunes élèves de Seconde, poussés par l’effet d’aubaine. De l’autre, beaucoup d’élèves de 1 re et quelques terminales, davantage motivés. « Il faut arrêter dans les médias de dire qu’on est irresponsables !, s’indigne un jeune. A 16 ans, on sait ce qu’on fait ! L’Etat met de la précarité partout ! Les retraites, ce sont nos emplois!» Deux élèves portent une banderole des Jeunesses communistes, d’autres des fanions de la CGT. « Il ne faut jamais attendre pour agir, dans dix ans, ça sera trop tard», justifie Titi, de la CNT. A la gare, en attendant ceux de Schuman, la jonction se fait avec les cheminots en grève. Du coup, la manif’, qui menaçait de tourner en rond, file place Mazelle, devant le siège de la CGPME. Avant, du même pas rapide, de remonter vers le Saulcy. Sur le chemin, deux pots de fleurs sont renversés. Alexandre est content : « On attendait moins de monde. Maintenant, il faut informer les autres. Il faut que ça change.»

Olivier JARRIGE.RL le 16/10/2010
 
 
 
 

A Thionville,des manifestants à la pelle. Près de 1 200 au total venus dire une nouvelle fois leur opposition de principe à un allongement de l’âge de départ à la retraite. Mais pas seulement, malheureusement.

En marge, des petits groupes d’individus sont venus au contact avec les policiers. Neuf interpellations, une garde à vue pour des dégradations multiples sont à déplorer.

RL le 16/10/2010

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Si les lycéens briotins étaient moins nombreux à défiler hier, ceux de Landres ont pour la première fois manifesté contre la réforme des retraites. A Jarny, scolaires et salariés s’organisent.

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Première manifestation au LP de Landres

7h40 : les bus arrivent les uns derrière les autres et déversent leur flot de lycéens devant les grilles du lycée professionnel Jean-Morette de Landres. Beaucoup ont leur téléphone portable collé à l’oreille, ou pianotent d’un pouce sur leurs claviers. C’est d’ailleurs comme ça que tous ont été prévenus. Par SMS, et puis aussi via Facebook.

En ce vendredi matin, ces élèves ont décidé de se montrer solidaires de leurs copains de Briey et Jarny qui, mercredi et jeudi, sont descendus dans la rue pour protester contre la réforme des retraites. «  Plus nombreux on sera, mieux ce sera », trépigne Nicolas, qui a pris la tête des opérations. Le lycéen, actuellement en 2 e année de bac pro agent de prévention et de sécurité, compte bien mobiliser un maximum de personnes, mais «  sans empêcher ceux qui veulent aller en cours de franchir les portes de l’établissement ». D’ailleurs, le proviseur Jean-Noël Pallez veille au grain. «  En cas d’absence, il nous appartient d’informer les parents, prévient-il. Les gendarmes ont été prévenus de manière à éviter les débordements éventuels. »

Vers 8h, un groupe d’une cinquantaine de personnes se met timidement en marche, direction le rond-point situé à quelques centaines de mètres du lycée. Les langues se délient, les mains brandissent des banderoles faites de feuilles A4 scotchées ensemble. «  Nous, on va commencer à travailler tôt, à 20-22 ans. Alors on ne veut pas de cette retraite à 62 ans », clament les jeunes gens.

Le cortège poursuit sa route dans les rues de Piennes, s’arrête régulièrement pour interpeller les automobilistes. «  Même si nous ne sommes pas nombreux, c’est important de manifester, estime Coralie. On ne veut pas crever au boulot ! Et puis on aimerait aussi pouvoir profiter de nos petits-enfants quand on sera à la retraite. »

Arrêtés un moment au rond-point du Leader Price, les lycéens sont repartis dans le calme vers le centre de Piennes, en décidant de «  peut-être se diriger vers les locaux de la radio Lor’FM ».

La mobilisation s’essouffle à Briey

«  Sarko t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ! » Sauf qu’hier matin, à Briey, ils n’étaient plus qu’une cinquantaine dans la rue, derrière la banderole marquée de ce slogan.

Au troisième jour de leur mobilisation, les lycéens de Louis-Bertrand sont essoufflés. L’impression se confirme auprès de l’administration de la cité scolaire, annonçant un taux d’absences non justifiées de moins de 18 %. Lancé comme un pétard mouillé, le mouvement prend pourtant la route vers 8h30. En chemin, on parle de mobiliser un peu plus de monde à la récréation de 10h, voire d’aller rejoindre les copains de Jarny. En vain. Sur les coups de 9h, les manifestants s’offrent un mini baroud d’honneur en bloquant le rond-point de la zone commerciale, donnant sur la RD 906 vers Avril. Au bout de quinze minutes, les automobilistes semblent las, sinon passablement échaudés. «  On va peut-être débloquer, là , suggère un lycéen face à la grogne des conducteurs. Y en a un qui a un enterrement et l’autre, un entretien d’embauche… »

Le cortège finit par plier bagages. Vers 10h, ce qu’il en reste se dissout devant le lycée après avoir pris rendez-vous. Non, pas pour lundi… «  Il faut que les gens puissent souffler », estime Florian Tonnon, élève de terminale STG2 à la tête du mouvement. Plutôt mardi, en espérant profiter de l’appel à la grève nationale. Et aussi d’un second souffle.

RL le  16/10/2010

 

 

Vendredi 15 octobre

 

Plusieurs centaines de lycéens ont manifesté un peu partout, hier en Lorraine. La majorité assure vouloir entretenir le mouvement jusque demain, voire plus tard encore.

 

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Les lycéens de la vallée de la Fensch sont endurants. Hier, avant 8 h, une centaine d’entre eux est partie de Knutange, a battu le rappel au lycée Maryse-Bastié à Hayange avant de rejoindre le lycée Gaspard-Monge, perché sur les hauteurs de la ville.

Là, quelques-uns parmi les 300 manifestants ont trouvé l’énergie de déraciner des arbustes pour amorcer une esquisse de barrage.

De tels rassemblements se sont produits un peu partout en Lorraine. A Nancy, en milieu de matinée, ils étaient entre 1 500 et 2 000 lycéens à investir le centre ville, solidement encadrés par des militants de Sud PTT. Cette puissance encadrante est parvenue à maintenir le calme, même si quelques jets d’œufs ont été essuyés par les forces de l’ordre.

Alors que les lycéens messins sont restés sourds aux appels à la grève, une fois de plus diffusés à grand renfort de SMS et de messages sur les réseaux sociaux, ceux de Talange, par contre, ville voisine, étaient dans la rue, où ils ont bloqué un rond-point après avoir, fort heureusement, renoncé dans leur tentative de barrage de l’A 31.

A Thionville, 200 élèves des lycées techniques de la ville ont tenté, en vain, de mobiliser dans les lycées généraux, qui n’ont pas débrayé. Rien n’a été bloqué, et le mouvement s’est limité à un défilé paisible au centre ville.

300 à Jarny

« A Jarny, nous n’avons pas connu de manifestations de jeunes aussi massives depuis une dizaine d’années », assure un observateur, qui évaluait hier le groupe de lycéens à 300 personnes. L’autre particularité est que ces derniers sont parvenus à mobiliser des professeurs, des cheminots et des employés municipaux. La mobilisation a également été forte à Briey, où 300 élèves ont défilé dans le calme. En revanche, ni Forbach ni Saint-Avold ni Sarrebourg n’ont été touchés par des rassemblements sans banderoles.

Les différents mouvements, à l’exception de celui de Nancy, pourraient être reconduits dès aujourd’hui.

A Remiremont, dans les Vosges, les lycéens de Malraux, suivis par quelques élèves de Jeanne-d’Arc et de Camille-Claudel, au total 400 jeunes environ, ont de nouveau investi les rues de Remiremont, aujourd’hui. Ils ont manifesté à l’encontre de la réforme des retraites et promettent d’ores et déjà de poursuivre leur mouvement jusque mercredi prochain.

RL le 15.10.2010

 

 

 

Hier matin à Jarny, la manifestation lycéenne contre la réforme des retraites s’est vite élargie. Des employés communaux, des personnels de l’Education nationale et des cheminots ont rejoint les 300 jeunes mobilisés.

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De mémoires de syndicalistes rompus à l’exercice, voilà près d’une quinzaine d’années que le bitume jarnysien n’avait pas été foulé par un tel défilé intergénérationnel ! Hier matin, au plus fort de la mobilisation, pas moins de 400 personnes de différents horizons ont scandé leur opposition au projet gouvernemental de réforme des retraites. Non annoncé, le mouvement de contestation est parti du lycée polyvalent Jean-Zay. Dès 8h, des élèves ont contacté les policiers du commissariat local, pour signaler leur intention de battre le pavé. Devant l’établissement ouvert aux lycéens souhaitant aller en cours, 300 jeunes attendaient, avec impatience, le signal de départ.

Mais avant la formation du cortège, un groupe d’élèves a pris soin de se rendre dans la salle où se tenait l’assemblée générale des personnels de l’établissement. En grève reconductible depuis mardi, les aînés, un brin pris de vitesse, ont tout bonnement été invités à rejoindre l’attroupement des cadets.

Sans attendre la réponse des professeurs et des agents, les élèves ont commencé à manifester dans les rues. A 9h, la première pause a été marquée devant la mairie de Jarny. Dans un concert de cris et d’applaudissements, les lycéens ont été rejoints par une quarantaine d’employés communaux, eux aussi en grève reconductible contre l’allongement des carrières.

Renforts successifs

La joie et l’excitation des jeunes sont encore montées d’un cran quelques minutes plus tard. Lorsque des enseignants ont fini par s’associer à leurs apprentis manifestants. La vingtaine d’adultes fraîchement arrivée s’est aussitôt empressée d’appeler les jeunes à «  ne pas décrédibiliser l’action ».

Après cette petite séance de responsabilisation, les réfractaires à la retraite à 67 ans se sont remis en marche sous bonne escorte policière. Direction cette fois le collège Aragon, puis la gare SNCF rejointe à 10h. Soit pile à l’heure de l’assemblée générale des cheminots. A cet instant précis, les 37 employés de l’entreprise ferroviaire, mobilisés depuis la veille, devaient se prononcer sur la suite de leur mouvement. La grève a bien vite été reconduite et, à leur tour, les cheminots sont venus renforcer les manifestants. Munies de torches à flamme rouge, les nouvelles recrues ont fait forte impression dans les rangs des jeunes.

Des tracts à Conflans

Le cortège a alors retraversé la commune pour revenir devant la mairie. Là, après plusieurs prises de paroles et échanges de félicitations, lycéens et actifs se sont concertés sur la manière d’élargir leur mouvement dans les jours à venir. L’après-midi même, cheminots, employés communaux et personnels de l’Education nationale sont allés distribuer des tracts aux automobilistes, à l’entrée de la zone commerciale de Conflans-en-Jarnisy. But de la manœuvre : inciter le plus grand nombre à participer à la manifestation prévue samedi après-midi à Metz. De leur côté, les lycéens étaient bien décidés à poursuivre leur action. Tous se sont donné rendez-vous ce matin à 8h, devant les grilles de Jean-Zay.

Y.P.(RL 15.10.2010)

 

A Jarny, le défilé lycéen a été renforcé par des employés communaux, des cheminots et des enseignants.

Tout comme mardi, les lycéens de Briey sont descendus dans la rue hier, pour manifester leur hostilité à la réforme des retraites. Pour la première fois, leurs homologues de Jarny en ont fait de même. En prime, ces derniers sont parvenus à fédérer trois groupes d’actifs.

 

articles et photos RL (15.10.2010)

 

 

A Metz,160 étudiants rassemblés à la fac  ont voté une série d’actions pour aujourd’hui : tractage et affichage. Demain, ils seront dans le cortège du défilé contre la réforme des retraites.

 

 

 



15/10/2010
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