Les Conti de Clairoix s'invitent à Sarreguemines
Les Clairoix appellent à la solidarité
Leur venue était attendue. Les Conti de Clairoix étaient hier à Sarreguemines pour manifester, pacifiquement, devant l’usine. Trois bus, entre 120 et 130 personnes, et un mot martelé pendant près de trois heures : solidarité.
Ils étaient entre 120 et 130, avec à leurs côtés des représentants de sections CGT des mines, de Behr, des membres de la Gauche pour Sarreguemines, du Front de gauche… S’ils n’ont cessé de répéter qu’ils "pourraient" rentrer dans l’usine, ils se sont finalement cantonnés au parking, attendant la sortie du poste du matin et l’arrivée de ceux de l’après-midi. Aucun espoir (et peut-être pas la volonté) de rencontrer la direction, absente, mais les manifestants espéraient le soutien de leurs collègues sarregueminois, notamment des organisations syndicales du site. Mais là encore, on n’a pas vu beaucoup d’engouement pour soutenir le combat des Clairoix… Qui ont dit tout le bien qu’ils pensaient du directeur, François Gérard, déployé une banderole sur les grilles d’entrée, puis harangué les salariés à l’aide d’un mégaphone.
L’union départementale de la CGT avait installé deux tentes, pour proposer du café aux manifestants, mais aussi une petite soupe à midi, histoire de réchauffer les corps et les cœurs des Clairoix et des délégations CGT venues leur apporter leur soutien. Certains Picards avaient amené leurs provisions, l’un d’eux lâchant : « Deux ans de grève, alors on a l’habitude, on prend les devants ! »
« Du profit sur notre dos »
Ils ont distribué un tract dans lequel le comité de lutte des travailleurs de Clairoix entend rappeler à la direction ses engagements, ses « obligations d’au moins trouver un travail à ceux qu’elle a mis à la rue ». Ils ont surtout appelé à la solidarité, des salariés de Sarreguemines, mais aussi de tous les salariés du groupe. Un représentant de Toulouse était sur place. « L’entreprise fait du profit sur notre dos, en demandant toujours plus de sacrifices », explique-t-il. « On augmente le temps de travail en baissant les salaires. » Lui est fier qu’à Toulouse, ils aient résisté « de haute lutte » à un plan d’austérité imposé par la direction. Roland Spirko, porte-parole du comité de lutte, appelait hier à la même résistance et à l’union des travailleurs, du groupe ou d’ailleurs, contre le patronat.
Venue encadrée
La venue des Clairoix était très encadrée. Outre les policiers sarregueminois, présents devant l’entreprise, on pouvait voir pas moins de sept camionnettes de CRS postées à l’arrière de l’usine, au cas où… Mais il n’y eut point de débordement. Une fois les tracts distribués, tout ce petit monde a rejoint les bus et a pris le chemin du retour, sans heurts. « On reste mobilisés, confie Roland Spirko. La direction doit assurer le reclassement de tous les salariés. » Et le comité de lutte veillera à ce que personne ne reste sur le bord du chemin.
M. L. (RL le 11.02.2012)
Des tracts avant une venue en nombre
Une délégation du comité de lutte de Continental de Clairoix a rencontré la direction, avant un rassemblement prévu vendredi 10 février.
Avec les camarades de Clairoix ! », lancent les hommes plantés devant l’usine Continental, en zone industrielle. C’est l’heure du changement de poste. Les ouvriers du poste de matin et d’après-midi se croisent. Chacun reçoit un tract distribué par le petit groupe composé de membres du comité de lutte de Continental Clairoix et de syndicalistes CGT du site de Sarreguemines. Le message principal figure en gras sur la feuille blanche : « Nous vous donnons rendez-vous vendredi 10 février de 12 h à 15 h. »
Respecter les engagements
Ce jour-là, les Conti dont l’usine a fermé en 2009 viendront de l’Oise non pas à six, comme mardi, mais « à 150 voire 200 », annonce Roland Spirko, conseil du comité de lutte. « Trois ans après le début du conflit, c’est pas mal du tout », ajoute-t-il. Pour cette « rencontre fraternelle pour montrer l’unité des travailleurs », il espère que des salariés de Continental à Toulouse feront aussi le voyage jusqu’en Moselle-Est, tout comme une délégation syndicale internationale qui viendrait du siège du groupe, à Hanovre. Un rassemblement pour montrer à la direction que la mobilisation est toujours forte, et faire respecter les engagements concernant le reclassement des Conti de Clairoix.
C’est d’ailleurs le message passé lors d’une réunion qui s’est tenue mardi matin dans les bureaux du site de Sarreguemines. La délégation venue de l’Oise a rencontré le directeur François Gérard ainsi que des représentants de la cellule de reclassement Altédia. « Nous avons discuté de la réalisation des engagements signés en décembre », précise Roland Spirko. En fin d’année dernière, la période de reclassement des anciens salariés de Clairoix, qui devait s’achevait le 31 décembre, avait été prolongée de six mois. Sur les 1 120 employés que comptait l’usine de l’Oise, « il y en a encore 300 qu’il est vital de reclasser », rappelle le membre du comité de lutte.
Du côté de la direction, on explique qu’au 31 décembre, « 610 salariés, soit 55 % des effectifs, ont retrouvé une solution professionnelle ou personnelle et ont ainsi pu quitter le congé de mobilité avant son terme ». Elle poursuit en indiquant, dans un communiqué, que 6,5 % des salariés finalisent actuellement leur projet professionnel (formations, créations d’entreprises, contrats courts susceptibles de déboucher sur un CDI), 14 % sont actuellement en recherche d’emploi, après avoir finalisé une formation qualifiante ou diplômante et 11,5 % d’entre eux ne sont pas dans un processus de recherche d’emploi. Enfin, une petite partie du personnel de Clairoix est encore salariée au sein de Continental, soit en arrêt maladie. Concernant les six mois d’accompagnement supplémentaires « les salariés n’ayant pas encore retrouvé un emploi et étant en recherche active sont normalement inscrits à Pôle Emploi mais bénéficient de l’accompagnement personnalisé des consultants d’Altédia ».
Mais nombre de ces Conti de Clairoix sont inquiets pour leur avenir. Et comptent sur le soutien de leurs collègues de Sarreguemines pour faire valoir leurs droits. « Ce qui nous est arrivé, ça peut arriver ici », insiste Pierre Sommè, syndicaliste FO.
P. Mi. (Républicain Lorrain le 01.02.2012)