La Mirabelle Rouge

Les éclusiers en grève bloquent les canaux

Les canaux de l’Est sont neutralisés par un mouvement de grève national des services de la navigation. Ils refusent d’être intégrés à Voies navigables de France en dénonçant un début de privatisation des canaux.

Photo RL

 

On ne passe plus depuis, hier 6 h, sur les canaux de la Moselle et de la Marne-au-Rhin ou des Houillères, en raison d’une grève nationale des éclusiers.

En Lorraine, une manifestation s’est déroulée devant les locaux de la direction interrégionale de VNF, à Nancy, et tous les ouvrages stratégiques ont été fermés, à Apach, Thionville, Frouard, Réchicourt-le-Château et au Plan incliné de Saint-Louis/Arzviller. Les péniches de fret et les bateaux de plaisance se retrouvent coincés dans les biefs, contraints de s’amarrer dans les ports ou le long des berges, parfois en rase campagne.

« Nous sommes là pour la semaine »

Selon les manifestants, c’est le plus important mouvement engagé depuis quinze ans par le monde de la navigation qui réclame le retrait du projet de transfert de ses services (4 400 personnes) et du domaine public fluvial vers l’établissement public d’intérêt commercial Voies navigables de France, prévu au 1 er janvier 2013. «  C’est un début de privatisation des voies d’eau ! », dénoncent les syndicats, qui ont entamé une grève illimitée. «  Plus personne ne franchit la frontière, c’est bloqué jusqu’au Luxembourg et en Allemagne », explique Dominique Schrimer (FO). A Gambsheim, en Alsace, les forces de l’ordre ont rouvert l’écluse du Rhin pour rétablir la circulation régie par des traités internationaux. Mais, partout ailleurs, le personnel gréviste semble s’être installé dans la durée. «  Nous sommes là pour la semaine, au moins », prévient Gabriel Hess (CFDT), à Thionville. Les tours de veille ont été organisés et les bateliers sont informés au fur et à mesure de leur arrivée. «  Ils comprennent parce qu’ils sont, eux aussi, concernés », assure le délégué.

La même logique que les routes

Une rencontre entre les syndicats et le ministère de l’Ecologie et des Transports – qui estimait le taux de grèvistes à 31 % – est prévue ce matin à Paris. Mais la situation pourrait s’enliser. Le ressentiment est vif : «  Jean-Louis Borloo s’était engagé à ne pas poursuivre le projet en l’absence d’accord mais Nathalie Kosciusko-Morizet est passée en force quand elle est arrivée, sans discuter. Même les élus parlementaires ne sont pas au courant. »

Les effets d’une telle mesure seraient désastreux, selon les syndicats. «  Les terres au bord des canaux seront vendues à des promoteurs et les voies à petit gabarit ne seront plus qu’ouvertes à un rythme saisonnier sous condition que les collectivités locales mettent la main à la poche, prédit Dominique Schrimer, prenant l’exemple de l’Angleterre. Après avoir privatisé les routes, c’est la même logique. Or l’eau est un bien universel, nous avons un devoir de la défendr e pour les générations futures. Qui dit que la batellerie ne va pas revenir en force ? Un convoi c’est 120 camions et ici il passe 120 millions de tonnes de marchandise par an… On remet ça sur l’A 31 ? »

 

Olivier SIMON ( Républicain Lorrain le 03.05.2011)



03/05/2011
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