La Mirabelle Rouge

Les routiers vont-ils passer à l'action ?

Les routiers, "solidaires avec le reste de la population"

La CFDT, premier syndicat du transport routier, a appelé jeudi 14 octobre les salariés du secteur à "maintenir et amplifier les mouvements de mobilisations nationales contre la réforme", en organisant notamment des blocages sur les routes et les sites pétroliers. Des opérations-escargot et des barrages filtrants ont déjà eu lieu jeudi au nord de Limoges, dans le Pas-de-Calais ou encore au Puy-en-Velay (Haute-Loire). Maxime Dumont, secrétaire général de la CFDT-Route, explique pourquoi son organisation a décidé de hausser le ton.

Où en est la mobilisation des routiers ?

La mobilisation se met en place doucement. Ce sont des actions qui sont menées dans les régions et les départements de manière sporadique. On a déjà des secteurs qui sont entrés dans l'action, à Rouen sur un site pétrolier, à Nantes où des camarades sont déjà mobilisés... On ne cible pas le monde du transport, c'est une action de solidarité avec le reste de la population. En 1996-97 [lors de la grande grève des routiers portant sur les conditions de travail], lorsqu'on a eu besoin des gens, ils étaient là. Avec les blocages, il y avait des nuisances pour tout le monde et pourtant les gens nous soutenaient. Alors si on peut apporter quelque chose maintenant, on veut le faire. On se mobilise aussi pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer.

Pourquoi choisir d'amplifier la mobilisation maintenant ?

Nous sommes un syndicat qui prône le dialogue. Aujourd'hui, on dialogue plus avec les renseignements généraux qu'avec les responsables politiques ! Nous étions dans les manifs, nous sommes là depuis le début. Mais depuis le 12 octobre [dernière journée de mobilisation], nous estimons que le gouvernement s'entête. Tout le monde en a ras-le-bol, on est en train de nous presser comme des citrons et on ne devrait rien dire ?

La réforme aurait-elle des conséquences particulières pour les routiers ?

Si elle venait à passer, oui. Un salarié du transport routier avec au moins trente ans d'ancienneté peut prendre un congé de fin d'activité à partir de 55 ans. Entre 55 et 60 ans, ce régime est financé par les employeurs, les salariés du secteur et l'Etat. A partir de 60 ans, il entre dans le régime général des retraites. Si l'âge légal est repoussé à 62 ans, que se passera-t-il entre 60 et 62 ans ? Reprendre un travail pour deux ans est illusoire.

On se dirigerait donc probablement vers un décalage de deux ans du régime. Or celui-ci a été obtenu sur des critères de pénibilité et de sécurité, et l'âge auquel on estimait qu'il pouvait être dangereux de continuer à conduire n'a pas changé ! Mais je le répète, c'est avant tout le soutien à une action globale, par solidarité avec l'ensemble de la population.

Propos recueillis par Marion Solletty (Le Monde 15.10.2010)



15/10/2010
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