Pauvre Monsieur Proglio !
Pauvre Monsieur Proglio !
Sarkozy a nommé Henry Proglio comme patron à EDF en lui attribuant une substantielle augmentation de 45 % du salaire lié à la fonction. Sarkozy est un spécialiste de cette procédure puisqu'il avait déjà utilisé la même délicatesse pour sa propre fonction présidentielle. Choisi pour occuper son nouveau fauteuil tarifié à 1,6 millions d'euros annuel, Henri Proglio pensait se maintenir également sur la banquette du groupe Veolia dont le ticket de fonction de 450 000 euros permettait de passer les fins de mois difficiles. Situation délicate à tenir face à la montée des protestations, le voilà obligé de renoncer à ce deuxième salaire tout en conservant la double casquette EDF et Veolia. Cette double fonction est provisoire, nous dit-on aujourd'hui, le temps nécessaire à la transition. Mais transition vers quoi ? Proglio ne continue pas à occuper des fonctions dirigeantes chez Veolia juste pour du beurre. Le choix de Proglia pour la direction d'EDF ne relève pas non plus du seul caprice princier. Il s'agit aussi d'un choix de politique industrielle qui s'inscrit dans le processus de privatisation de ce qu'il reste encore de services publics. Il y a déjà Gérard Mestrallet installé à la direction de GDF-Suez et voilà maintenant le tour de Proglio pour EDF-Veolia. Ainsi, les PDG de Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) et de Veolia (ex-Générale des Eaux), multinationales privées qui ont fait fortune sur le traitement et la commercialisation de l'eau, s'emparent , avec le concours actif du gouvernement, du secteur public de l'énergie en gardant un rôle dirigeant dans leur entreprise d'origine, le temps nécessaire au renforcement de la privatisation. Avec l'ouverture à la concurrence des secteurs économiques clefs pour la satisfaction des besoins fondamentaux de tout être humain, le gouvernement et les directions des entreprises publiques introduisent en parallèle les méthodes de gestion et le fonctionnement du privé avec comme critère unique, la rentabilité, et non la qualité de la satisfaction des besoins sociaux. Pour mener à bien cette mission, Proglio ne peut pas trop se donner en spectacle avec le montant de ses émoluments. Il s'accommode d'autant plus facilement au renoncement de ses revenus à Veolia qu'il conserve ses rétributions comme administrateur de CNP Assurance, Lagardère, Natixis et Dassault Aviation. Il sait aussi que le groupe Veolia lui a également provisionné 13,1 millions d'euros que l'intéressé a le culot d'appeler : «une retraite complémentaire. Non seulement ces gens là se versent généreusement des dividendes qu'ils ponctionnent dans la caisse des profits réalisés avec l'exploitation du travail salarié, mais en plus ils se foutent de nous !
Pendant combien de temps encore vont-il se le permettre ?
Jean-Luc (26.01.2010)