La Mirabelle Rouge

Résistance des salariés de Philips à Dreux

Libération (14.02.2010)

Fermeture de l'usine de Philips à Dreux, 212 emplois supprimés

Les salariés de l'entreprise spécialisée dans la fabrication de téléviseurs à écran plasma avaient tenté d'en assurer la gestion depuis janvier. Le secrétaire d'Etat, Christian Estrosi annonce l'implantation à cet endroit d'un centre d'appels.

 

Un homme devant le site du groupe néerlandais Philips à Dreux, le 30 janvier 2006.

Un homme devant le site du groupe néerlandais Philips à Dreux, le 30 janvier 2006. (© AFP Pierre Andrieu)

 

La direction de Philips EGP a annoncé, samedi soir, la fermeture définitive de son usine à Dreux (Eure-et-Loir), dont les salariés avaient tenté d'assurer la gestion depuis janvier, entraînant la suppression de 212 emplois.

La direction a invoqué, dans un communiqué, la «situation financière de son établissement». «Suite à la procédure de consultation des partenaires sociaux, l'activité d'assemblage de téléviseurs de Philips Dreux s'est arrêtée le 12 février 2010», annonce-t-elle.

La fermeture programmée du site de Dreux avait été annoncée pour la première fois le 8 octobre dernier. L'entreprise spécialisée dans la fabrication de téléviseurs à écran plasma avait déjà supprimé 350 emplois en 2005 et 279, l'an dernier.

En janvier, les salariés avaient décidé de prendre le contrôle de leur usine, sous forme de SCOP (Société Coopérative de Production), placée sous le contrôle des ouvriers.

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a souligné dimanche sur RTL les efforts de revitalisation de Philips EGP. «Ce qui compte, c'est de maintenir l'emploi industriel», estime Estrosi, qui se dit «attentif à ce que Philips nous fasse des propositions de qualité». «Il y a déjà l'implantation d'un centre d'appels qui est programmée, un centre de fabrication d'appareils électro-ménagers, une cuisine centralisée de Sodexo et nous allons annoncer dans les prochains jours avec Philips d'autres activités industrielles», a annoncé le ministre.

«La direction veut nous isoler»

«Une lettre recommandée a été envoyée à l'ensemble des salariés de l'usine drouaise leur indiquant qu'ils n'avaient plus à se rendre à leur travail à partir de lundi, sans leur notifier leur licenciement», a confirmé Manuel Georget, délégué CGT chez Philips.

Le syndicat a appelé l'ensemble des salariés à se présenter «normalement» lundi matin à leur travail et annonce une assemblée générale dès 8 heures. «En voulant nous interdire de pénétrer sur le site et nous obliger à rester chacun chez nous, la direction de Philips veut nous isoler pour mieux fermer le site et nous licencier à moindre frais», dénonce Manuel Georget.

De son côté, la direction a souligné que depuis l'annonce de la fermeture et le démarrage de la consultation des partenaires sociaux, «seize réunions se sont tenues, à la fois avec le comité central d'entreprise de Philips France à Suresnes» (Hauts-de-Seine) et «avec le comité d'établissement de Philips à Dreux.» «Ces réunions ont permis de répondre, de manière transparente, aux nombreuses interrogations des représentants du personnel et la dernière réunion a été clôturée le 10 février 2010», précise la direction.

Elle affirme avoir proposé «des mesures concrètes» qui représentent «un coût d'environ 100.000 euros par salarié incluant, entre autres, des indemnités de départ équivalentes à 24 mois de salaire en moyenne et un congé de reclassement représentant jusqu'à 12 mois par salarié».

«Ce plan social est illégal»

La fermeture du site fait suite, selon l'entreprise, «à d'importantes pertes depuis 2007, sur l'activité Téléviseurs, 413 millions d'euros en 2008 et environ 180 millions d'euros en 2009». Une autre filiale du groupe, Philips LG, spécialisée dans la fabrication de tubes cathodiques, avait fermé ses portes en 2006 à Dreux et 1.300 emplois entre 2004 et 2006 avaient alors été supprimés.

De leurs côté, les syndicats contestent le plan de sauvegarde de l'emploi qui leur est proposé. «Ce genre de pratique est inacceptable!», s'est indigné Manuel Georget, affirmant que les syndicats avaient «refusé de donner un avis lors du dernier CCE». «Ce plan social est illégal car, pour justifier la fermeture, Philips s'appuie sur une division "télévision" censée perdre de l'argent. Mais cette division n'existe pas puisque l'usine de Dreux fait partie de l'ensemble Électronique Grand Public, qui produit d'autres produits. Cette division a dégagé l'an passé des bénéfices records», selon les syndicats.

Ces observations avaient d'ailleurs été reprises par la direction départementale du travail et de l'emploi d'Eure-et-Loir dans un courrier datant du 24 décembre 2009, envoyé à la direction du groupe Philips.

(Source AFP)



15/02/2010
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