La Mirabelle Rouge

Salut Jean-Jacques !

Je suis triste.

Lundi 25 janvier 2010, j'ai perdu un ami, j'ai perdu un camarade.  Jean-Jacques Farreyrol est décédé des suites d'un cancer à l'hôpital de Moyeuvre. Je sais que beaucoup de visiteurs de ce blog connaissaient Jean-Jacques  et c'est pourquoi j'écris ce mot. Comme moi, il avait été conducteur de trains au dépôt SNCF de Metz –Sablon. Comme moi, il avait été à la CFDT Cheminots puis à la CGT. Comme moi il participait avec vigueur à toutes les luttes sociales  depuis plus de 30 ans. Comme moi, il avait été à la LCR et, sans rejoindre le NPA, il avait toujours conservé ses sympathies de ce côté-là  du mouvement ouvrier. Il était resté fidèle au monde du travail et venait régulièrement aux manifs.

 Les mots pour exprimer la peine et la tristesse  ne sont pas les mots des moments heureux, ce ne sont pas les mots qui animaient nos motivations lorsque nous étions debout sur le perron du dépôt au moment de la lutte.

Non, ces mots sont aujourd'hui plus difficiles à dire car ce sont ceux des instants où tout se fait silence. Ces instants cruels où l'on ressent soudain une profonde injustice. Alors que l'on nous parle de la retraite à prendre de plus en plus tard, la mort, elle, arrive toujours trop tôt.

 

Jean-Jacques aurait eu 58 ans cette année juste au début de l'été.

Il avait une vie plurale et avait construit au fil du temps  des relations amicales dans des univers distincts, au boulot, au rugby, au pub, dans le quartier, dans  sa famille, dans la vie syndicale, politique et sociale où partout,  il entretenait toujours des liens de fidélité.

De ses années SNCF sont nées nos amitiés durables dont je n'aurai jamais fini d'évoquer les souvenirs. Il avait une grande culture ferroviaire et le goût pour son métier ne l'a jamais empêché d'être cet acteur et ce lutteur toujours présent . Je sais qu'il était parti à la retraite avec une petite pointe de regret car il laissait derrière lui un univers qui ne sera jamais plus comme avant.

 

 

Ah, que de petites et de grandes bouffes faites ensemble, chez les uns ou les autres, parfois dans des pique-niques plus ou moins improvisés. Jean-Jacques était toujours le bienvenu et il n'avait jamais la fourchette rebelle pourvu qu'il n'y ait pas d'oignons.

Je garde  également le souvenir de ces  randonnées avec les copains du groupe auquel  Jean-Jacques appartenait. Il y  participait tout en sachant que pour lui, le meilleur moment était surtout le soir à la tablée.

Il était fort en gueule, jamais avare de calambours et j'ose à peine imaginer ceux qu'il aurait inventés pour aujourd'hui. Certes, il faisait parfois preuve d'un très mauvais caractère qui pouvait amener brouille et querelle, mais nous aimions être avec lui car il s'était aussi doté d'une grande culture. Sa serviabilité et sa disponibilité étaient énormes et chacun pouvait compter sur lui en cas de besoin.

Il était aussi empreint d'une immense tendresse qui n'était  jamais feinte et, surtout lorsque la relation se faisait plus personnelle on était touché par sa sensibilité, cette sensibilité qui le mettait aussi à distance des artifices de la société et qui l'affranchissait d'une certaine manière  de ses convenances.

Il a vécu sa maladie avec lucidité et avec le souci de préserver ses proches et ses amis. Il a fait preuve jusqu'au bout d'un grand courage, et quand je dis cela, ce n'est pas une formule de circonstances. Jusqu'au bout il a toujours essayé d'esquisser un dernier sourire à ceux qui venaient pour l'accompagner.

 

Sans doute connaissez vous tous cette phrase d'un chant des partisans  qui dit : Ami si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta place…..

Mais il existe des amis, que jamais personne ne remplacera ! Jean-Jacques est un de ceux-là !

Merci Jean- Jacques d'avoir traverser nos vies car c'est avec des types comme toi  qu'au fil des rencontres se tisse une histoire ou des histoires qui sont et ne seront jamais des promesses d'oublis.

Jean-Luc (28.01.2010)

 

 

 

prise de parole de Jean-Jacques devant la Direction Régionale SNCF de Metz lors du

passage en conseil de discipline en 1987 suite à la grève de décembre 1986/janvier1987

 

Septembre 2002- gare de Metz- départ vers Espagne pour 5 jours de randonnée pédestre.



28/01/2010
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